Giacometti : “ne pas parler de sculptures peintes” !

Peindre et sculpter pour mieux “voir”

L’Institut Giacometti présente pour la première fois l’essentiel de sa collection de plâtres peints, nous révélant une part émouvante de l’oeuvre de l’artiste : son désir de relier intimement sculpture et peinture en peignant certaines de ses sculptures en plâtre et en bronze. (Jusqu’au 3 novembre 2024 à la Fondation Giacometti-Institut)

*Alberto Giacometti lors d’une discussion avec Isaku Yanaihara, ami et philosophe japonais.

Le plâtre d’une petite sculpture représente la tête d’Annette Arm (modèle et future épouse de Giacometti ) réalisé en 1946 est peint en aplats de couleur au niveau des cheveux, de la surface du visage et du socle. Giacometti dessine également à la peinture les traits du visage, donnant ainsi à ces figures de plâtre un regard rappelant la statuaire égyptienne qu’il a tant étudiée. Photo © François Collombet
Ce plâtre représente la tête de Simone de Beauvoir, réalisé en 1946. Avec son frère Diego, sa future épouse Annette Arm, et des personnalités telles que Marie-Laure de Noailles, Roi-Tanguy ou encore Diane Bataille, les œuvres sont rehaussées de peinture dans une forme de naturalisme parfois presque naïf. Photo © François Collombet

Ainsi expliquait Giacometti à son galeriste, Pierre Matisse, en 1950, « la couleur fait partie de la sculpture, elles sont peintes à l’huile comme les tableaux ». Les sculptures de bronze peintes dont il parle ici ont cependant peu de succès, et la réticence des collectionneurs viendra à bout de son engouement. Plusieurs de ces sculptures ont d’ailleurs perdu l’intensité, voire l’intégralité, de leurs couleurs avec le temps. Les plâtres peints, par contre, pour la plupart exécutés sur des œuvres restées à l’atelier, ont été conservés. par l’artiste jusqu’à sa mort, ce qui a préservé la fraîcheur des couleurs.

Chez Antoine Bourdelle (1861-1929) à l’académie de la Grande Chaumière

Alors que Giacometti prépare sa première exposition rétrospective à la galerie Pierre Matisse à New York, il rédige une lettre mettant en exergue les moments fondateurs de sa vie d’artiste. II évoque notamment ses années à l’académie de la Grande Chaumière de 1922 à 1925 : “je ne pouvais plus supporter une sculpture sans couleur et très souvent j’ai essayé de les peindre d’après nature. j’en ai gardé quelques-unes pendant des années et puis, pour faire de la place surtout, je les ai fait détruire, enlever et jeter”. Il avait très tôt pris connaissance des recherches avant-gardistes d’artistes cubistes comme Picasso et Lipchitz qui expérimentaient la sculpture peinte.

Faire des oeuvres vivantes

Sur la centaine de plâtres peints, 50 appartiennent à la Fondation Giacometti

le plâtre polychrome Tête d’homme sur socle (1949-1951). Photo © François Collombet

Lorsque Giacometti poursuit son oeuvre jusque dans l’espace de l’exposition

Giacometti Quatre figurines de Londres (version A, 1965). Plâtre peint. Photo © François Collombet
Giacometti Femme leoni (1947-1958) plâtre peint et Femmes de Venise 1956 plâtres peints. Photo © François Collombet
Dans son film sur l’artiste réalisé entre 1964 et 1966, : tournage d’une séance de pose, Ernst Scheidegger documente ce processus en donnant à voir les différentes étapes de la réalisation d’un portrait de Jacques Dupin. Photo © François Collombet
Giacometti Jacques Dupin 1965 (huile sur toile). Photo © François Collombet

La cage : “il crée le vide à partir du plein”

Giacometti Figurine dans une cage 1950. Plâtre peint 66×11,3×16 cm. Photo © François Collombet
Inès de Bordas commissaire de l’exposition Alberto Giacometti : ” Ne pas parler de sculptures peints” devant le plâtre peint “Figurine dans une cage”. Inès de Bordas est responsable du Comité Giacometti et Attachée de conservation. Photo © François Collombet

Giacometti sculpteur ? peintre ? : l’un et l’autre

Giacometti Grande Femme 1958 Plâtre peint (188,3 x 28,8 x 40,9 cm) et Grand nu debout 1960 Huile sur toile (15 x25 cm). Photo © François Collombet

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