Château de Cheverny : avec ou sans tulipes, le printemps à Cheverny est magnifique !

Château de Cheverny, premier jour du printemps

De l’Orangerie vers la façade nord du château, les coquelicots géants chers à la marquise de Vibraye ont survécu à l’hiver ! Photo © François Collombet

Pas de tulipes mais la persistance des coquelicots géants

Cette année, pas de tulipes à Cheverny. Une météo pluvieuse, un hiver froid. Des conditions inhabituelles pour anéantir la plupart des 500 00O oignons plantés à l’automne. Pourtant quel enchantement ! En ce premier jour de printemps, Dieu que le château et son immense parc resplendissent sous un soleil presque inattendu ! La douceur est bien là. Et ce sourire des jardiniers, des jeunes fleuristes et de tous ceux qui font de Cheverny, un joyau des châteaux de la Loire, est communicatif. A croire qu’il se transmet aux les premiers visiteurs de la matinée*. Aujourd’hui, tout est possible, tout est beau et au diable ces tulipes qui ont loupé leur traditionnel rendez-vous. Il reste à planter les 4000 chrysanthèmes et autres cucurbitacées : 10 000 citrouilles, coloquintes… qui vont illuminer l’automne. Alors !

*Cheverny est le troisième château de la Loire le plus visité après Chambord et Chenonceau.

 Pour fêter le printemps et l’arrivée de Pâques, les élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris ont apporté leur créativité pour donner ces touches de couleurs au jardin des apprentis. Photo © François Collombet

Que sont les tulipes devenues ?

A défaut de tulipes, le château et le parc se sont mis à l’heure de Pâques. Sans doute voit-on percer couleur rouge ou jaune, quelques survivantes perdues au milieu d’une mer de tiges et de feuilles orphelines de leurs fleurs. La vision de ces immenses bandeaux de tulipes aurait dû être spectaculaire ! Promis, rendez-vous est pris au printemps 2026.

Triumph bien modeste cette année !

C’est une équipe de 7 jardiniers du château de Cheverny qui s’est donnée tout le mal nécessaire en octobre dernier pour planter le demi-million de bulbes à la main. Triumph bien modeste cette année pour cette variété d’origine hollandaise pourtant réputée résistante. Faudrait-il attendre la tulipe dite “Château de Cheverny”, croisement entre tulipes à fleur simples et tardives. Elle est à floraison rapide et précoce ; elle est robuste et lumineuse grâce à ses couleurs, alliant rose vif et blanc. Laissons lui le temps de s’adapter et de croître avant d’enchanter un prochain printemps, les parterres de Cheverny.

Un jardinier bien déconfit ! Le chef jardiner Sami Bouda ne peut que constater les dégâts des eaux : 70 % des 500.000 bulbes de tulipes plantés à l’automne sont perdus. Mais promis, on va drainer et amender le sol avec un apport de sable. Et en 2026, Cheverny retrouvera ces touches de couleurs si familières à la Hollande à la floraison des tulipes. Photo © François Collombet

Les tourments du chef jardinier

Pourtant rien ne semble atteindre le moral du très tonique chef jardinier de Cheverny, Sami Bouda. Cet ancien boxeur est arrivé à Cheverny à l’ouverture du Jardin des apprentis en 2006*. A lui la responsabilité des 110 ha du parc, de ces arbres remarquables : les séquoias, les 157 cèdres, les tilleuls, les cyprès chauves etc. plantés entre 1820 et 1860 ; plus les 6 jardins du château : jardin potager bouquetier, jardin des apprentis, jardin de l’amour, jardin (au combien sensible au climat) des tulipes, jardin sucré et le labyrinthe.

*Jardin des apprentis ouvert en 2006, à l’occasion d’une émission tournée pour France 3 avec 10 jeunes du lycée horticole de Blois.

A Cheverny dit son chef jardinier Sami Bouda : “on travaille avec toutes les saisons. Les gens peuvent venir 3 fois à Cheverny dans la même année sans voir la même chose ». Photo © François Collombet

Monsieur le marquis, pourquoi ne pas revenir aux sources de la tulipe, le Kazakhstan ?

Non la Hollande n’est pas le pays d’origine de la tulipe. Il faut aller très loin à l’est, à 5600 km de Cheverny jusqu’aux steppes du Kazakhstan (aux confins de la Russie et de la Chine) pour trouver le berceau de la tulipe et plus précisément dans les gorges de Berikkara (région de Zhambyl). C’est là qu’il y a plus de 10 millions d’années, les premières tulipes sauvages ont émergé dans les terres arides de ce pays de 2,7 millions de kms carrés. Depuis, chaque printemps, le Kazakhstan devient un immense champ de tulipes sauvages rouge vif et jaune citron. Incroyable spectacle pour ce pays qui abrite plusieurs espèces endémiques dont les célèbres tulipes de Zinaida, Borshchov et Kolpakovsky. Officiellement, le Kazakhstan recense 35 espèces de tulipes sauvages qui s’épanouissent dans les déserts, les steppes et les montagnes. L’une a traversé les frontières. Ce sont les tulipes de Greig et de Kaufmann. Elles ont donné naissance à huit lignées de tulipes cultivées.

Et si Cheverny servait d’ambassadeur des tulipes du Kazakhstan ?

Le Kazakhstan est la patrie historique de la tulipe. Il la célèbre chaque année à Almaty principale ville du Kazakhstan (son ancienne capitale, de 1929 à 1997). Elle accueille le festival printanier « Koktem Korki – Qyzgaldak », qui vise à préserver cette tulipe unique, à encourager le patriotisme et à promouvoir le respect de la nature.

Le marquis Charles-Antoine de Vibraye interviewé par Aliya Syzdykova journaliste de la presse Kazakh et vice-présidente de l’Association de la Presse Etrangère. Serait-il question d’un accord hautement symbolique entre les tulipes de Cheverny et celles du Kazakhstan patrie historique de la tulipe ? Un accord qui n’aurait pas déplu à Paul de Vibraye (1809-1878) le célèbre paléontologue à qui l’on doit l’aménagement et la plantation des grands arbres du parc. Photo © François Collombet

Cheverny a fait contre mauvaise fortune, bonnes Pâques !

La comtesse Constance de Vibraye est la grande ordonnatrice des jardins de Cheverny. Elle imagine de nouvelles décorations à chaque période de l’année avec Sami Bouda et son équipe de jardiniers. Depuis 2006, Constance et Charles-Antoine de Vibraye, propriétaires du château, misent sur l’extérieur pour attirer les visiteurs. Ils étaient près de 400 OOO en 20024.

Le décor de Pâques confié aux élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris

Pour fêter le printemps, les élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris ont créé de nouvelles œuvres artistiques dans le château ainsi que dans le jardin des Apprentis. Garry Taffin, titré meilleur ouvrier de France en 2015 est leur formateur. Pour la formation de ses élèves, son calendrier est plutôt chargé : Cheverny au printemps ; à l’automne, le Domaine de Chaumont-sur-Loire avec “ Fleurir est un art ” et enfin, Chambord pour les décorations de la période de Noël.

Dans le Jardin des apprentis (au nom prédestiné), entre la façade nord du château et l’orangerie, les apprentis et les alternants de l’École nationale des fleuristes de Paris ont mis toute leur créativité pour illustrer Pâques. Photo © François Collombet
Voici Garry Taffin meilleur ouvrier de France en 2015 et formateur à l’EFP avec une de ses élèves ; un art floral qu’on pourrait presque retrouver au Carnaval de Venise. Photo © François Collombet
Cette façade si classique (1634) du château de Cheverny avait besoin d’une touche de fantaisie. Tout à l’heure, on apportera d’immenses œufs couleur chocolat et des lapins. Oui, c’est bien Pâques qu’on fête au château. Photo © François Collombet
Des œufs géants, des lapins en chocolat qui posent devant la façade principale du château de Cheverny. Photo © François Collombet

Entrez mesdames et messieurs dans un décor de Pâques

Constance de Vibraye, a laissé libre cours à son imagination et à celle de l’Ecole Nationale des Fleuristes pour parsemer quelques unes des 17 pièces du château familial (même famille depuis 6 siècles) d’un décor floral et pascal. Vous y trouverez les habituels jouets et armures, les robes de mariées, les baignoires. Mais ce qui étonnent les enfants sont ces reconstitutions en briques Lego d’éléments historiques. Ainsi cette impressionnante Mona Lisa, rappel du très bref séjour de la célébrissime toile à Cheverny. Mais que dire de cette invasion de lapins à la Lewis Caroll (l’auteur d’Alice au pays des merveilles). Eh oui, c’est Pâques et les enfants adorent !

Le plaisir de s’y arrêter pour un goûter sous un arbre à boules en chocolat. Photo © François Collombet
La très austère bibliothèque du château et son lapin aux oreilles dressées. Photo © François Collombet
Dans le salon de musique, ce célèbre piano Gilbert (son facteur) a son public de lapins enrubannés. Photo © François Collombet

Dans la grande salle à manger du château, la table est dressée pour célébrer Pâques et le printemps

Au château de Cheverny, la visite commence par la grande salle à manger pouvant accueillir 3O convives. On passe d’abord sous ce plafond peint par l’artiste blésois Jean Mosnier. Juste le temps d’admirer à la manière d’une bande dessinée les quelque trente vignettes relatant les aventures de Don Quichotte .

Ici, les plafonds et les murs ont été peints par Jean Mosnier au XVIIe siècle, un artiste blésois formé en Italie.. On lui doit la décoration du palais du Luxembourg à Paris. Photo © François Collombet
A l’entrée de la salle à manger, quelques unes des 32 vignettes peintes par Jean Mosnier au XVIIe siècle et relatant la vie de Don Quichotte. Un avant goût peut être des aventures de Tintin et de l’exposition que propose le château (De Cheverny à Moulinsart, il n’y a qu’un coup de crayon… de génie). Photo © François Collombet

La grande salle à manger du château, chef d’œuvre des élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris

Une extraordinaire débauche de décorations occupant cette grande table de la salle à manger du château de Cheverny ! Serait-on rassasié à la vue d’une telle mise en scène ? Spectacle de couleurs, de fleurs, et de nappes vaporeuses tombant sur un parquet qui vient d être restauré. Un décor de fête, un décor célébrant Pâques et l’arrivée du printemps. Sachez le, on ne fait rien à moitié à Cheverny ! Photo © François Collombet

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