Aimez-vous David Hockney ?

David Hockney, icône mondialement connue du pop art, de l’hyperréalisme et bien plus encore !

David Hockney. Play within a Play within a Play and Me with a Cigarette, 2024-2025. Acrylique et collage sur toile (121,9 x 182,9 cm).
David Hockney. Play within a Play within a Play and Me with a Cigarette, 2024-2025. Acrylique et collage sur toile (121,9 x 182,9 cm). Photo © François Collombet

Les jonquilles annonçant l’arrivée du printemps

Voici son tout récent autoportrait. Il est vêtu d’un costume en tweed, avec un pin’s jaune soleil, épinglé à la veste. Y est inscrit « End Bossiness soon » (Bientôt la fin de l’autoritarisme). L’artiste est assis dans son jardin, une cigarette entre les mains (à 88 ans c’est un fumeur invétéré). Cette cigarette lui interdisant l’affiche de son exposition à la Fondation Louis Vuitton dans le métro parisien (loi Évin). Sur ses genoux, le collage de l’œuvre en cours de réalisation. Les jonquilles annoncent l’arrivée du printemps.

Voir le décor conçu par David Hockney et écouter “le Sacre du printemps” d’Igor Stravinsky en fin d’article. Mais cette phrase est aussi un leitmotiv accompagnant les dessins sur iPad qu’envoyait David Hockney à ses amis bloqués par la pandémie.

Comment ne pas être admiratif !

*Il a toujours adoré les nouvelles technologies : ses créations sont réalisées avec les techniques les plus variées : des peintures à l’huile ou à l’acrylique, des dessins à l’encre, au crayon et au fusain, mais aussi des œuvres numériques (dessins photographiques, à l’ordinateur, sur iPhone et sur iPad) et des installations vidéo. Très tôt, il acquit une certaine aisance dans ce domaine du numérique. Il eut donc peu de problème à l’arrivée des iPhones et iPads à la fin des années 2000. Grâce à cela, il a cette surprenant dextérité à manier pinceaux et d’autres applications développées pour dessiner sur des écrans tactiles. Ses œuvres digitales sont parfois projetées ou imprimées en très grand format mais tout en gardent la fraîcheur de croquis pris sur le vif.

Le choc visuel de plus de 400 œuvres

Pour nous qui passons admirer ses œuvres, David Hockney rappelle la fameuse phrase de Léonard de Vinci : “The artist sees what others catch only a glimse ” (L’artiste voit ce que les autres n’ont qu’à entrevoir). Photo © François Collombet

Est-on prêt à s’immerger dans l’œuvre de David Hockney lorsqu’il peint à sa démesure comme ici : Winter Timber, 2009. David Hockney aime à qualifier les arbres d’amis. Un jour, alors qu’il conduisait le long de Woldgate, une route dans l’East Riding (Yorkshire), il aperçut ces arbres abattus dont les troncs étaient empilés sur le côté. Il en fit une esquisse sur place puis les peignit de mémoire dans son atelier. Devant cette œuvre, se trouve enchevêtré le cycle de la vie et de la mort. Photo © François Collombet
David Hockney Falled Tree on Woldgate 2008. Photo © François Collombet

Le choix de David Hockney

Toutes les œuvres présentées sont le choix de David Hockney pour sa plus récente et magistrale exposition à la Fondation Louis Vuitton en 2025. Sont réunies des œuvres créées en Californie, dans le Yorkshire, en Normandie et à Londres. Ainsi voit-on les tableaux « mythiques » de ses débuts et les vingt-cinq dernières années de son œuvre, permettant une immersion dans son univers, qui couvrent sept décennies de création.

Hockney avec sa chienne, Tess. Jean-Pierre Gonçalves de Lima, © David Hockney. Sur ces 4 acryliques sur toiles, on peut voir de haut en bas et de gauche à droite : JP (Jean-Pierre Gonçalves de Lima) and little Tess 24th september 2023 / JP and little Tess14th november 2023 / JP and little Tess 14th november 2023 / JP and littleTess 15th november 2023. (Collection de l’artiste). Photo © François Collombet

Rare de voir une photo de David Hockney sans son chien. Il adore les teckels. Il a représenté ses deux teckels dans des dizaines de peintures. En 2023, il peint son compagnon Jean-Pierre Gonçalves de Lima avec Little Tess dans les bras.

David Hockney s’est installé à Los Angeles en 1964. Il va y peindre des scènes inoubliables marquées par la simplicité, par une incroyable transparence de la lumière et cette forme de douceur exprimant un érotisme à peine suggéré (la plupart sont travaillées à partir de photos prises au polaroid). Ces peintures sont à couper le souffle. Rien que l’essentiel ! Sur des murs rouge sable, la fondation Vuitton présentait quatre des toiles les plus emblématiques de son œuvre : The Room, Tarzana (1967), A Bigger Splash (1967), Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) (1972) et Mr and Mrs Clark and Percy (1971). Par leur énergie visuelle, elles incarnent à la perfection le pop-art.

David Hockney, A Bigger Splash 1967
Acrylique sur toile 242,5 x 243,9 x 3 cm . © David Hockney Tate, Royaume-Uni. Photo © François Collombet

Alors qu’on lui demandait en 2009 « Qui a sauté dans la piscine ? » Hockney répondait : Je ne sais pas en fait. Cela a été fait à partir d’une photographie d’une éclaboussure. Je ne l’ai pas prise… L’immobilité d’une image. (…) La majeure partie de la peinture a été consacrée à l’éclaboussure et l’éclaboussure dure deux secondes et le bâtiment y est permanent. C’est de cela qu’il s’agit en fait.

David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1972
Acrylique sur toile 213,36 x 304,8 cm © David Hockney. L’artiste a travaillé 18 heures par jour pendant deux semaines pour terminer Portrait d’un artiste (Pool with Two Figures), et l’a finalement terminé la veille de son expédition à New York. En 2018, ce tableau emblématique a été adjugé à plus de 90 millions de dollars lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à New York. Il détient le record du tableau le plus cher vendu aux enchères par un artiste vivant. Photo © François Collombet
David Hockney. The Room Tarzana, 1967. Acrylic on canvas, 243.8 x 243.8 cm. © David Hockney. Lumière d’une fenêtre ouverte qui traverse l’intérieur d’une chambre  illuminant le petit ami de Hockney, Peter Schlesinger, en T-shirt et chaussettes. Tarzana est un quartier de Los Angeles situé dans la vallée de San Fernando. Son nom vient du personnage de fiction Tarzan créé par l’auteur Edgar Rice Burroughs. Photo © François Collombet
David Hockney, Christopher Isherwood and Don Bachardy. Peint en 1968, le double portrait Isherwood-Bachardy est le premier de cette forme réalisé par Hockney, et montre le couple assis dans la maison de Santa Monica, en Californie .Réalisé d’après une photographie. Acrylique sur toile 212,09 x 303,53 cm © David Hockney. Photo © François Collombet

A Bigger Grand Canyon de Hockney, l’une de ses plus grandes œuvres.

Créée en 1998 à l’huile sur 60 toiles, A Bigger Grand Canyon de Hockney est considérée à juste titre comme l’une de ses plus grandes œuvres. Ensemble 207 H x 744,2 L cm. Photo © François Collombet
David Hockney, Bigger Trees near Warter or/ou Peinture sur le motif pour le nouvel âge post-photographique, 2007. David Hockney s’est réinstallé dans le Yorkshire à la fin des années 1990. Il revient alors aux techniques traditionnelles (aquarelle, fusain, huile…) . Il travaille en plein air tout en utilisant simultanément la photographie et l’informatique. Il peint de gigantesques compositions en digne successeur des grands paysagistes britanniques que sont John Constable et William Turner. On voit ici sa plus grande œuvre qu’on ne cesse comme aujourd’hui d’admirer. Huile sur 50 toiles (459 × 1225 cm). Elle est conçue comme un puzzle, assemblé à partir de cinquante toiles juxtaposées pour recomposer un panorama grandiose. Photo © François Collombet
David Hockney, Bigger Trees Near Warter. Huile sur 9 toiles.
David Hockney a passé les 25 dernières années, principalement dans le Yorkshire où il redécouvre les paysages de l’enfance avec cette série de petits paysages intitulées juillet/août 2005 (Yorkshire). Huiles sur toile. Photo © François Collombet
Détail : David Hockney Early/July/Tunnel. Photo © François Collombet

David Hockney se rend en Normandie en 2018 pour admirer la Tapisserie de Bayeux de la reine Mathilde qu’il n’avait pas vue depuis plus de 40 ans. Il est séduit par les paysages normands, ses ruelles sinueuses, ses maisons et ses vergers en fleurs. Il décide de rester en Normandie pour y peindre les saisons. Tombé amoureux de la ferme du XVIIe typiquement normande qu’il a achetée, il quitte Los Angeles pour s’y installer définitivement, invoquant l’art de vivre à la française. Il y peint le printemps. C’est La Grande Cour. Il va dévoiler les vues de sa maison du pays d’Auge (à Rumesnil tout près de Beuvron-en-Auge) où il demeure régulièrement de 2019 à 2023.

Dans cette maison normande où il se sent bien, il travaille tous les jours souvent accompagné de son chien.
Compositions à partir du iPad de David Hockney avec cette centaine d’œuvres réalisées en Normandie. La grande réussite de Hockney à La Grande Cour est l’intégration réussie de plusieurs points de vue ou de perspectives pour créer une vision unifiée de la nature dans son ensemble. Photo © François Collombet
David Hockney, Arrivée du printemps en Normandie le 27 mars 2020. Peinture sur iPad montée sur 5 panneaux : 364,09 x 521,4 cm. Photo © François Collombet
David Hockney a voulu capter lors du confinement les variations de la lumière sur les paysages normands, et cela, jour après jour. Il est aidé dans cette quête par le numérique. Photo © François Collombet

Moon Room, Clair de lune

Après avoir été ébloui par l’arrivée du printemps en Normandie, quelle transition ! David Hockney adapte ici le conte de Guy de Maupassant Clair de lune (1882). Il nous plonge par cette série consacrée au conte de Maupassant dans une obscurité percée d’incroyables pleines lunes. Quinze peintures à l’iPad pour certaines et à l’acrylique pour d’autres, témoignent dans ces clairs-obscurs, des allers-retours constants de l’artiste entre la technologie et les techniques traditionnelles.         

Peinture sur iPad montée sur cinq panneaux (364,1 x 521,4 cm ensemble ). Photo © François Collombet
Asseyez vous. Vous êtes dans l’atelier de David Hockney démultiplié, transformé en salle de danse, à l’image de sa propre maison où musiciens et danseurs sont régulièrement invités à se produire. Le jeu de miroir ajoute une dimension, celle de l’espace où se situent les spectateurs. (A Bigger Space For Dancing). Photo © François Collombet

Incroyable final ! Cette dernière galerie est consacrée au travail de Hockney peintre d’opéra : “nous avons besoin de plus d’opéra, il est plus grand que la vie.” écrit-il. Non ce n’est pas une collection de décors dans la plus grande salle de la Fondation Louis Vuitton. C’est un espace conçue comme une création immersive dont les murs mis en musique voient défiler les tableaux peints par David Hockney. Il a voulu traduire en couleur et en forme l’art lyrique. Alors il faut s’asseoir, s’allonger par terre pour profiter de la musique murale, dans cette salle d’opéra reconstituée. Installez-vous et quel programme !

Au programme : The Rake’s Progress de Stravinsky à Glyndebourne (1975) d’après Hogarth*, La Flûte enchantée (1978) au même festival, Parade de Satie, Les Mamelles de Tirésias de Poulenc, L’Enfant et les sortilèges de Ravel, Le Sacre du printemps, Le Rossignol et Œdipus Rex de Stravinsky au Metropolitan Museum de New York (1981), jusqu’au Turandot de Puccini au Lyric Opera de Chicago (1992).

*The Rake’s Progress de Stravinsky Festival de Glyndebourne (1975). Opéra-fable inspiré des gravures de William Hogarth (La Carrière d’un libertin). A ce jour, c’est cette représentation qui a bénéficié du plus grand nombre de représentations et de reprises.

Décor du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky par David Hockney. Photo © François Collombet
Vidéo : Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky avec décor de David Hockney (1981) au Metropolitan Opera de New York. Photo © François Collombet

David Hockney : Œdipe Rex dans le triptyque “Stravinsky” au Metropolitan Opera de New York 1981 (dont Le Sacre du printemps et Le Rossignol). Photo © François Collombet
Turandot de Puccini monté au Lyric Opera, Chicago (1992). Photo © François Collombet
David Hockney : Die Frau ohne Schatten (La femme sans ombre) de Richard Strauss au Royal Opera House, Covent Garden (1992). Photo © François Collombet
David Hockney : Tristan et Iseult de Wagner au Los Angeles Music Center Opera (1987). Photo © François Collombet

Passionné d’opéra, David Hockney a fait une nouvelle réadaptation musicale et visuelle à partir des décors qu’il a créé depuis les années 1970. Il nous offre une immersion dans ces pièces musicales et visuelles à l’intérieur de l’espace le plus monumental de la Fondation Louis Vuitton.

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