Château de Cheverny, premier jour du printemps

Pas de tulipes mais la persistance des coquelicots géants
Cette année, pas de tulipes à Cheverny. Une météo pluvieuse, un hiver froid. Des conditions inhabituelles pour anéantir la plupart des 500 00O oignons plantés à l’automne. Pourtant quel enchantement ! En ce premier jour de printemps, Dieu que le château et son immense parc resplendissent sous un soleil presque inattendu ! La douceur est bien là. Et ce sourire des jardiniers, des jeunes fleuristes et de tous ceux qui font de Cheverny, un joyau des châteaux de la Loire, est communicatif. A croire qu’il se transmet aux les premiers visiteurs de la matinée*. Aujourd’hui, tout est possible, tout est beau et au diable ces tulipes qui ont loupé leur traditionnel rendez-vous. Il reste à planter les 4000 chrysanthèmes et autres cucurbitacées : 10 000 citrouilles, coloquintes… qui vont illuminer l’automne. Alors !
*Cheverny est le troisième château de la Loire le plus visité après Chambord et Chenonceau.

Que sont les tulipes devenues ?
A défaut de tulipes, le château et le parc se sont mis à l’heure de Pâques. Sans doute voit-on percer couleur rouge ou jaune, quelques survivantes perdues au milieu d’une mer de tiges et de feuilles orphelines de leurs fleurs. La vision de ces immenses bandeaux de tulipes aurait dû être spectaculaire ! Promis, rendez-vous est pris au printemps 2026.
Triumph bien modeste cette année !
C’est une équipe de 7 jardiniers du château de Cheverny qui s’est donnée tout le mal nécessaire en octobre dernier pour planter le demi-million de bulbes à la main. Triumph bien modeste cette année pour cette variété d’origine hollandaise pourtant réputée résistante. Faudrait-il attendre la tulipe dite “Château de Cheverny”, croisement entre tulipes à fleur simples et tardives. Elle est à floraison rapide et précoce ; elle est robuste et lumineuse grâce à ses couleurs, alliant rose vif et blanc. Laissons lui le temps de s’adapter et de croître avant d’enchanter un prochain printemps, les parterres de Cheverny.

Les tourments du chef jardinier
Pourtant rien ne semble atteindre le moral du très tonique chef jardinier de Cheverny, Sami Bouda. Cet ancien boxeur est arrivé à Cheverny à l’ouverture du Jardin des apprentis en 2006*. A lui la responsabilité des 110 ha du parc, de ces arbres remarquables : les séquoias, les 157 cèdres, les tilleuls, les cyprès chauves etc. plantés entre 1820 et 1860 ; plus les 6 jardins du château : jardin potager bouquetier, jardin des apprentis, jardin de l’amour, jardin (au combien sensible au climat) des tulipes, jardin sucré et le labyrinthe.
*Jardin des apprentis ouvert en 2006, à l’occasion d’une émission tournée pour France 3 avec 10 jeunes du lycée horticole de Blois.

Monsieur le marquis, pourquoi ne pas revenir aux sources de la tulipe, le Kazakhstan ?
Non la Hollande n’est pas le pays d’origine de la tulipe. Il faut aller très loin à l’est, à 5600 km de Cheverny jusqu’aux steppes du Kazakhstan (aux confins de la Russie et de la Chine) pour trouver le berceau de la tulipe et plus précisément dans les gorges de Berikkara (région de Zhambyl). C’est là qu’il y a plus de 10 millions d’années, les premières tulipes sauvages ont émergé dans les terres arides de ce pays de 2,7 millions de kms carrés. Depuis, chaque printemps, le Kazakhstan devient un immense champ de tulipes sauvages rouge vif et jaune citron. Incroyable spectacle pour ce pays qui abrite plusieurs espèces endémiques dont les célèbres tulipes de Zinaida, Borshchov et Kolpakovsky. Officiellement, le Kazakhstan recense 35 espèces de tulipes sauvages qui s’épanouissent dans les déserts, les steppes et les montagnes. L’une a traversé les frontières. Ce sont les tulipes de Greig et de Kaufmann. Elles ont donné naissance à huit lignées de tulipes cultivées.
Et si Cheverny servait d’ambassadeur des tulipes du Kazakhstan ?
Le Kazakhstan est la patrie historique de la tulipe. Il la célèbre chaque année à Almaty principale ville du Kazakhstan (son ancienne capitale, de 1929 à 1997). Elle accueille le festival printanier « Koktem Korki – Qyzgaldak », qui vise à préserver cette tulipe unique, à encourager le patriotisme et à promouvoir le respect de la nature.

Cheverny a fait contre mauvaise fortune, bonnes Pâques !
La comtesse Constance de Vibraye est la grande ordonnatrice des jardins de Cheverny. Elle imagine de nouvelles décorations à chaque période de l’année avec Sami Bouda et son équipe de jardiniers. Depuis 2006, Constance et Charles-Antoine de Vibraye, propriétaires du château, misent sur l’extérieur pour attirer les visiteurs. Ils étaient près de 400 OOO en 20024.
Le décor de Pâques confié aux élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris
Pour fêter le printemps, les élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris ont créé de nouvelles œuvres artistiques dans le château ainsi que dans le jardin des Apprentis. Garry Taffin, titré meilleur ouvrier de France en 2015 est leur formateur. Pour la formation de ses élèves, son calendrier est plutôt chargé : Cheverny au printemps ; à l’automne, le Domaine de Chaumont-sur-Loire avec “ Fleurir est un art ” et enfin, Chambord pour les décorations de la période de Noël.




Entrez mesdames et messieurs dans un décor de Pâques
Constance de Vibraye, a laissé libre cours à son imagination et à celle de l’Ecole Nationale des Fleuristes pour parsemer quelques unes des 17 pièces du château familial (même famille depuis 6 siècles) d’un décor floral et pascal. Vous y trouverez les habituels jouets et armures, les robes de mariées, les baignoires. Mais ce qui étonnent les enfants sont ces reconstitutions en briques Lego d’éléments historiques. Ainsi cette impressionnante Mona Lisa, rappel du très bref séjour de la célébrissime toile à Cheverny. Mais que dire de cette invasion de lapins à la Lewis Caroll (l’auteur d’Alice au pays des merveilles). Eh oui, c’est Pâques et les enfants adorent !



Dans la grande salle à manger du château, la table est dressée pour célébrer Pâques et le printemps
Au château de Cheverny, la visite commence par la grande salle à manger pouvant accueillir 3O convives. On passe d’abord sous ce plafond peint par l’artiste blésois Jean Mosnier. Juste le temps d’admirer à la manière d’une bande dessinée les quelque trente vignettes relatant les aventures de Don Quichotte .


La grande salle à manger du château, chef d’œuvre des élèves de l’Ecole Nationale des Fleuristes de Paris
