David Hockney, icône mondialement connue du pop art, de l’hyperréalisme et bien plus encore !
Son plus récent autoportrait (2024-2025)

Les jonquilles annonçant l’arrivée du printemps
Voici son tout récent autoportrait. Il est vêtu d’un costume en tweed, avec un pin’s jaune soleil, épinglé à la veste. Y est inscrit « End Bossiness soon » (Bientôt la fin de l’autoritarisme). L’artiste est assis dans son jardin, une cigarette entre les mains (à 88 ans c’est un fumeur invétéré). Cette cigarette lui interdisant l’affiche de son exposition à la Fondation Louis Vuitton dans le métro parisien (loi Évin). Sur ses genoux, le collage de l’œuvre en cours de réalisation. Les jonquilles annoncent l’arrivée du printemps.
“Do remember, they can’t cancel the spring“
Voir le décor conçu par David Hockney et écouter “le Sacre du printemps” d’Igor Stravinsky en fin d’article. Mais cette phrase est aussi un leitmotiv accompagnant les dessins sur iPad qu’envoyait David Hockney à ses amis bloqués par la pandémie.
Comment ne pas être admiratif !
David Hockney 88 ans aujourd’hui (né en 1937 à Bradford en Angleterre) est sans doute l’un des artistes les plus influents des XXe et XXIe siècles. Ce trublion de l’art a révolutionné la peinture contemporaine*. Il est l’une des figures majeures des Swinging Sixties. Qui dans le monde ne reconnaitrait pas ses Pool Paintings ou encore et surtout son Bigger Spash qui marqua la fin des années 1960 ?
*Il a toujours adoré les nouvelles technologies : ses créations sont réalisées avec les techniques les plus variées : des peintures à l’huile ou à l’acrylique, des dessins à l’encre, au crayon et au fusain, mais aussi des œuvres numériques (dessins photographiques, à l’ordinateur, sur iPhone et sur iPad) et des installations vidéo. Très tôt, il acquit une certaine aisance dans ce domaine du numérique. Il eut donc peu de problème à l’arrivée des iPhones et iPads à la fin des années 2000. Grâce à cela, il a cette surprenant dextérité à manier pinceaux et d’autres applications développées pour dessiner sur des écrans tactiles. Ses œuvres digitales sont parfois projetées ou imprimées en très grand format mais tout en gardent la fraîcheur de croquis pris sur le vif.
Le choc visuel de plus de 400 œuvres

Jamais une si grande exposition n’avait été consacrée à un peintre vivant !
Alors que la grande exposition David Hockney 25 à la Fondation Louis Vuitton à Paris vient de fermer ses portes, ne resterait-il que le choc visuel de plus de 400 œuvres datant de 1955 à 2025 (venant de l’atelier de l’artiste et de sa fondation, des prêts de collections internationales, institutionnelles ou privées…) ? Jamais une exposition d’une telle envergure n’avait été consacrée à un peintre vivant. David Hockney est mondialement connu pour ses toiles révolutionnaires. Elles puisent leur puissance dans le glamour des collines d’Hollywood et les vues pittoresques de Los Angeles. C’est sans doute la raison pour laquelle la carrière de David Hockney a une si grande influence sur des générations d’artistes.


Le choix de David Hockney
Toutes les œuvres présentées sont le choix de David Hockney pour sa plus récente et magistrale exposition à la Fondation Louis Vuitton en 2025. Sont réunies des œuvres créées en Californie, dans le Yorkshire, en Normandie et à Londres. Ainsi voit-on les tableaux « mythiques » de ses débuts et les vingt-cinq dernières années de son œuvre, permettant une immersion dans son univers, qui couvrent sept décennies de création.
David Hockney et ses plus récents portraits à l’acrylique et sur iPad
60 portraits récents d’amis et de parents peints à l’acrylique ou sur iPad que Hockney appelle « dessins » étaient présentés. Ils sont d’une modernité et d’une sensibilité étonnante. Aurions-nous pu voir celui de la reine Elizabeth II ? Lorsque Buckingham lui annonça que la reine souhaitait être peinte par lui, il déclara qu’il était « trop occupé ». De même, refusa-t-il d’être fait chevalier déclarant publiquement : « Je ne peins généralement que des gens que je connais. »


Hockney avec sa chienne, Tess. Jean-Pierre Gonçalves de Lima, © David Hockney. Sur ces 4 acryliques sur toiles, on peut voir de haut en bas et de gauche à droite : JP (Jean-Pierre Gonçalves de Lima) and little Tess 24th september 2023 / JP and little Tess14th november 2023 / JP and little Tess 14th november 2023 / JP and littleTess 15th november 2023. (Collection de l’artiste). Photo © François Collombet
Rare de voir une photo de David Hockney sans son chien. Il adore les teckels. Il a représenté ses deux teckels dans des dizaines de peintures. En 2023, il peint son compagnon Jean-Pierre Gonçalves de Lima avec Little Tess dans les bras.
I/ La Californie et ses célébrissimes peintures : ode à la beauté à l’hédonisme, au soleil et à la liberté
David Hockney s’est installé à Los Angeles en 1964. Il va y peindre des scènes inoubliables marquées par la simplicité, par une incroyable transparence de la lumière et cette forme de douceur exprimant un érotisme à peine suggéré (la plupart sont travaillées à partir de photos prises au polaroid). Ces peintures sont à couper le souffle. Rien que l’essentiel ! Sur des murs rouge sable, la fondation Vuitton présentait quatre des toiles les plus emblématiques de son œuvre : The Room, Tarzana (1967), A Bigger Splash (1967), Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) (1972) et Mr and Mrs Clark and Percy (1971). Par leur énergie visuelle, elles incarnent à la perfection le pop-art.
A Bigger Splash capture un moment dans le temps.

Acrylique sur toile 242,5 x 243,9 x 3 cm . © David Hockney Tate, Royaume-Uni. Photo © François Collombet
Alors qu’on lui demandait en 2009 « Qui a sauté dans la piscine ? » Hockney répondait : Je ne sais pas en fait. Cela a été fait à partir d’une photographie d’une éclaboussure. Je ne l’ai pas prise… L’immobilité d’une image. (…) La majeure partie de la peinture a été consacrée à l’éclaboussure et l’éclaboussure dure deux secondes et le bâtiment y est permanent. C’est de cela qu’il s’agit en fait.
Portrait of an artist (Pool with Two Figures), l’une des peintures les plus reconnues dans le monde

Acrylique sur toile 213,36 x 304,8 cm © David Hockney. L’artiste a travaillé 18 heures par jour pendant deux semaines pour terminer Portrait d’un artiste (Pool with Two Figures), et l’a finalement terminé la veille de son expédition à New York. En 2018, ce tableau emblématique a été adjugé à plus de 90 millions de dollars lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à New York. Il détient le record du tableau le plus cher vendu aux enchères par un artiste vivant. Photo © François Collombet
Portrait d’un artiste (Pool with Two Figures)
C’est l’une de ses images les plus célèbres et les plus reconnaissables dans le monde. A l’origine, David Hockney a sous les yeux deux photographies différentes qui se chevauchent par hasard sur le sol de son studio. L’une représente un personnage nageant, les membres déformés alors qu’il est sous l’eau. L’autre est celle d’un garçon fixant intensément le sol. La proposition de peindre deux personnages dans des styles nettement différents a poussé Hockney à peindre.
Avec les photos de son ex-amant, Peter Schlesinger
Peu satisfait de sa première tentative, Hockney s’est rendu au Nid-du-Duc sur les hauteurs de Nice pour recréer la scène. Il a pris des centaines de photographies d’après la composition originale avec l’aide d’un ami et d’un assistant. Il a ensuite à Londres rassemblé les photographies de la piscine à côté de photos de son ex-amant (et muse), Peter Schlesinger, portant un blazer rose dans les jardins de Kensington.
The Room Tarzana

Portrait iconique de Christopher Isherwood et du peintre Don Bachardy.

Le double portrait est l’un des fils rouges de son œuvre.
Christopher Isherwood (1904-1986) à droite est romancier et scénariste (auteur notamment de Goodbye to Berlin). A ses côtés Don Bachardy est peintre. Il a l’âge de David Hockney. Le couple s’est rencontré en 1952 alors qu’Isherwood avait 48 ans et Bachardy n’en avait que 18. Si le tableau les réunit alors que Bachardy est en Angleterre, seul Isherwood vint poser pour le tableau. La coupe de fruits, avec au premier plan, un épi de maïs desséché, désigne discrètement leur relation homosexuelle.
A Bigger Grand Canyon de Hockney, l’une de ses plus grandes œuvres.

Pour capturer son immensité
Peinte à grande échelle cette utilisation étonnante de couleurs vives éveille les sens de tous ceux qui la regardent. Sa création remonte à 1982, lorsque Hockney prit pour la première fois une série de photographies du Grand Canyon. Il créa ensuite un certain nombre de collages de photos du Grand Canyon en 1986 pour tenter de capturer son immense échelle et sa beauté unique. Puis, il assembla dans son atelier de Los Angeles les 60 panneaux peints à l’huile. Il abordait ainsi l’immensité par la multiplication du format.
II/ De la Californie à son retour au pays natal, le Yorkshire
En 1999, à la mort de sa mère, il décide de s’établir dans son Yorkshire natal, comté du nord de l’Angleterre mais avec des va-et-vient permanent à Los Angeles. Son objectif est de représenter le changement des saisons et leurs variations. Il travaille alors en plein air tout en recourant simultanément à la photographie et à l’informatique pour achever sa plus grande œuvre : Bigger Trees Near Warter. Pour cela Hockney s’installe dans un immense studio à Bridlington (station balnéaire du Yorkshire), où il prépare une grande exposition personnelle qui se tiendra à la Royal Academy of Arts de Londres en 2012.




III/ Ses quatre années en Normandie
David Hockney se rend en Normandie en 2018 pour admirer la Tapisserie de Bayeux de la reine Mathilde qu’il n’avait pas vue depuis plus de 40 ans. Il est séduit par les paysages normands, ses ruelles sinueuses, ses maisons et ses vergers en fleurs. Il décide de rester en Normandie pour y peindre les saisons. Tombé amoureux de la ferme du XVIIe typiquement normande qu’il a achetée, il quitte Los Angeles pour s’y installer définitivement, invoquant l’art de vivre à la française. Il y peint le printemps. C’est La Grande Cour. Il va dévoiler les vues de sa maison du pays d’Auge (à Rumesnil tout près de Beuvron-en-Auge) où il demeure régulièrement de 2019 à 2023.




Moon Room, Clair de lune
” … ce n’est pas un homme que nous aimons, mais l’amour. Et ce soir-là, c’est le clair de lune qui fut mon amant vrai.” Guy de Maupassant.
Après avoir été ébloui par l’arrivée du printemps en Normandie, quelle transition ! David Hockney adapte ici le conte de Guy de Maupassant Clair de lune (1882). Il nous plonge par cette série consacrée au conte de Maupassant dans une obscurité percée d’incroyables pleines lunes. Quinze peintures à l’iPad pour certaines et à l’acrylique pour d’autres, témoignent dans ces clairs-obscurs, des allers-retours constants de l’artiste entre la technologie et les techniques traditionnelles.

Salle de musique et de dance
Dans cette salle de musique et de dance, un miroir renvoie la projection d’une vidéo montrant des danseurs. Sur les côtés, un paysage s’anime sur 18 écrans juxtaposés, dont chacun présente un point de vue légèrement décalé.

IV/ Hockney peint l’opéra, un éblouissement !
Incroyable final ! Cette dernière galerie est consacrée au travail de Hockney peintre d’opéra : “nous avons besoin de plus d’opéra, il est plus grand que la vie.” écrit-il. Non ce n’est pas une collection de décors dans la plus grande salle de la Fondation Louis Vuitton. C’est un espace conçue comme une création immersive dont les murs mis en musique voient défiler les tableaux peints par David Hockney. Il a voulu traduire en couleur et en forme l’art lyrique. Alors il faut s’asseoir, s’allonger par terre pour profiter de la musique murale, dans cette salle d’opéra reconstituée. Installez-vous et quel programme !
Au programme : The Rake’s Progress de Stravinsky à Glyndebourne (1975) d’après Hogarth*, La Flûte enchantée (1978) au même festival, Parade de Satie, Les Mamelles de Tirésias de Poulenc, L’Enfant et les sortilèges de Ravel, Le Sacre du printemps, Le Rossignol et Œdipus Rex de Stravinsky au Metropolitan Museum de New York (1981), jusqu’au Turandot de Puccini au Lyric Opera de Chicago (1992).
*The Rake’s Progress de Stravinsky Festival de Glyndebourne (1975). Opéra-fable inspiré des gravures de William Hogarth (La Carrière d’un libertin). A ce jour, c’est cette représentation qui a bénéficié du plus grand nombre de représentations et de reprises.
Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky par David Hockney

Regardez et écoutez, c’est merveilleux !
Œdipus Rex d’Igor Stravinsky

Turandot de Puccini

Die Frau ohne Schatten (La femme sans ombre) de Richard Strauss

Tristan et Iseult de Richard Wagner

Passionné d’opéra, David Hockney a fait une nouvelle réadaptation musicale et visuelle à partir des décors qu’il a créé depuis les années 1970. Il nous offre une immersion dans ces pièces musicales et visuelles à l’intérieur de l’espace le plus monumental de la Fondation Louis Vuitton.