Abbaye de Longpont, des ruines majestueuses, un si beau décor de fête !
Ce fut l’une des plus grandes abbayes cisterciennes du royaume de France. De son glorieux passé, Longpont ne conserve que des ruines, des ruines grandioses à seulement 90 km de Paris ! Si des hommes ont vendu pierre par pierre l’immense église abbatiale, chef d’œuvre du premier gothique, ils ont conservé intact le palais des abbés commendataires. Aujourd’hui, plus de moines mais des « invités » profitant, à l’ombre de ces ruines majestueuses, de l’élégant palais abbatial aménagé au XVIIIe siècle et transformé aujourd’hui en château*. On vient ici à Longpont en séminaire, en congrès ou bien…, se marier et faire la fête. De là, quelques pas suffisent pour se perdre dans l’immense forêt domaniale de Retz, le long de ses quelques 500 kms de sentiers forestiers. C’est l’un des plus grands massifs forestiers de France et sans doute, l’une de ses plus belles hêtraies.
* L’abbaye de Longpont est un monument historique privé appartenant à la famille de Montesquiou.

Il fallut plus de temps pour l’abattre que pour la construire
Longpont, abbaye fantomatique dont l’abbatiale avait la taille d’une cathédrale ! Imaginez-la, presque aussi vaste que Notre Dame de Paris avec un fronton qui atteignait le niveau des plaines environnantes ! De son glorieux passé cistercien, il ne reste que d’éblouissantes ruines au cœur d’un petit village Picard niché en lisière orientale de la forêt domaniale de Retz (qu’on appelle encore Forêt de Villers-Cotterêts). Vision de carte postale sur écrin de verdure ! A Longpont aujourd’hui, tout est net, propre et romantique avec des ruines bien entretenues, un palais abbatial transformé en château et son parc à l’anglaise aménagé dans la vallée, là où les moines avaient des herbages et des pièces d’eau. Compiègne et Senlis sont tout proches, Soissons n’est qu’à à 15 km. On est sur la route de Reims et Paris se trouve à seulement 90 km. Nous sommes au pays des bâtisseurs de cathédrales (la Picardie en compte 6), inventeur de la voûte gothique. Alors, de cette immense abbaye figée dans ses ruines depuis la Révolution*, que faudrait-il retenir ? Serait-ce la beauté de l’édifice due au parfait équilibre de ses proportions (la largeur entre les murs intérieurs égale à la hauteur sous voûte centrale et les bas-côtés à la moitié de la nef centrale). Ou bien retiendrait-on comme un symbole, cette grande rose de 10 mètres ornant l’imposante façade haute de 40 m, au remplage disparu. Un vide incommensurable pour ce chef d’œuvre le plus accompli de l’art gothique.
* L’abbatiale fut transformée en carrière de pierre à la Révolution. Il a fallu près de 40 ans (de 1793 à 1831) pour la réduire à l’état de ruines majestueuses, soit plus de temps que pour la construire au début du XIIIe siècle.


Les hôtes du comte Anne-Pierre de Montesquiou Fezensac
Eh oui, l’histoire ne fut pas tendre avec Longpont : pillages, destructions, guerres. Si l’abbaye eut à subir les bombardements de 1918 puis ceux de 1940, ne pas oublier qu’elle fut également endommagée au cours des XVe et XVIe siècles par les bandes armées qui ravageaient la région (Bourguignons, Anglais, Huguenots…).
Aujourd’hui, l’abbaye dont les derniers moines cisterciens ont depuis des lustres rendus leur âme à Dieu, laisse place au tourisme et à l’hôtellerie : mariages (une spécialité), séminaires, conférences… Tous ces gens, la plupart hôtes du comte Anne-Pierre de Montesquiou Fezensac, viennent s’accaparer un peu de la sérénité (à défaut de silence) de ces lieux qui furent si longtemps régis par l’ordre de Cîteaux. Pour eux, le comte met à disposition l’ancien Cellier des moines, grande salle voûtée en croisées d’ogives, le cloître et l’ancien chauffoir de l’abbaye, plus 3 gîtes répartis dans le parc.

Anne-Pierre de Montesquiou Fezensac est de formation ingénieur INA (agro). Il représente la sixième génération installée à Longpont. L’origine de la famille est la Gascogne. En 1804, les Montesquiou Fezensac, n’ayant plus de demeure et venant chasser dans la région de Soissons, découvraient Longpont vide et disponible. Ils l’achetaient peu après le Concordat pour en faire leur château.
*Cette lignée compta parmi ses membres un certain d’Artagnan qui servit sous Louis XIV. Alexandre Dumas né à Villers-Cotterêts en 1802 (tout près de Longpont), pour écrire son roman Les 3 Mousquetaires s’inspira des mémoires de M. d’Artagnan.
Pour qui sonne le carillon de Longpont ?
Si on doit à Robert Planquette, Les cloches de Corneville (opéra-comique en trois actes), nous avons ici une œuvre musicale beaucoup plus sérieuse, Le Carillon de Longpont de Louis Vierne (pièce jouée à l’orgue). Il était au début du XXe siècle, l’organiste de Notre-Dame de Paris et grand ami de la famille de Montesquiou. Il se trouvait régulièrement invité au château à Longpont au moment du 15 août ; une grande fête religieuse avec procession dans le village et le parc. On l’installait alors sur un chariot tiré par deux ânes avec un harmonium. Sans doute l’inspiration lui vint en entendant les 4 cloches du carillon de l’église pour composer cette œuvre qui fut dédiée à son frère René tué en mai 1918 non loin de là. Aujourd’hui, au clocher de Longpont qui fut détruit en 1918 et partiellement reconstruit en 1923, manque une cloche et une autre ne possède pas la sonnerie initiale. Donc impossible d’entendre retentir ce célèbre air, mais patience, une association pour la renaissance du carillon de Longpont a été constituée.

Très brève histoire de l’abbaye cistercienne de Longpont
Côté parc, pénétrons par la porte principale avec sa grille du XVIIe siècle. Elle n’est autre que celle qui ouvrait sur le chœur de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes, à Soissons, une abbaye de chanoines régulier fondée en 1076 (les Montesquiou en firent l’acquisition après la destruction de l’église soissonnaise au XIXe siècle).

Longpont dans sa sobriété toute cistercienne
De toutes les grandes abbayes cisterciennes établies sur le domaine royal, Longpont (du nom que portait la chaussée pavée traversant la zone de marais asséchée par les moines) est la seule à offrir encore des vestiges de son admirable abbatiale. Reconstruite au moment où l’abbaye était devenue trop petite pour les quelque trois cents moines qu’elle abritait, cette abbatiale fut consacrée le 24 octobre 1227, en présence de Louis IX, le futur Saint Louis alors âgé de treize ans, il assistait aux cérémonies aux côtés de sa mère, Blanche de Castille. Il la trouva si belle qu’il voulut en faire construire une toute semblable à l’abbaye de Royaumont, qu’il fonda peu après, non loin de son château d’Asnières-sur-Oise, en exécution des volontés de son père Louis VIII.

Aussi vaste que la cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais de Soissons
Elle était presque aussi vaste que Notre-Dame de Paris. Dans sa sobriété toute cistercienne, cet édifice de 105 mètres de longueur sur 28 mètres de hauteur, tout imprégné de l’art gothique naissant, est une splendeur. L’abbaye de Longpont a été fondée un peu moins d’un siècle plus tôt, en 1132, par saint Bernard, à la demande de Joscelin de Virizy, évêque de Soissons. Installée sur les terres de Gérard de Chérizy dans la vallée de la Savières, en lisière de la forêt de Villers-Cotterêts, l’abbaye connaît à ses débuts une insolente période de prospérité. Les dons affluent de toutes parts : des rois, des papes, des ducs de Vermandois … En quelques années, le domaine est défriché et drainé. Ainsi, XIVe siècle, l’abbaye de Longpont cultivait jusqu’à 10 000 ha dans la région, avec des terres et même des vignes, jusqu’à St Quentin à 60 km de là.

Le déclin et le système pervers de la commende
Le déclin s’annonce dès la fin du XIVe siècle. A partir de François 1er, le régime de la commende modifie profondément l’ordre cistercien. Auparavant, l’abbé était élu par l’ensemble de la communauté des moines. Les abbé commendataires eux, sont des prélats, non des moines, à qui le Roi donnait les bénéfices de l’abbaye en laissant à un prieur la charge de la communauté. Ces abbés ont alors transformé une partie des bâtiments en Palais Abbatial et les grands balcons de fer forgé ainsi que le vestibule avec son bel escalier témoignent encore des splendeurs de cette époque.

Bien plus tard, après la Révolution, l’abbatiale est abandonnée aux démolisseurs. Mais ses ruines sont sauvées in extremis, en 1831, par la famille de Montesquiou. Malheureusement, l’abbaye ne sortira pas indemne des deux guerres mondiales. Pourtant, les vestiges de l’abbatiale que l’on peut apercevoir au milieu de bâtiments conventuels classiques suffisent à donner une idée de ce que fut sa magnificence, symbolisée par une immense rosace vide de son remplage. Du cloître accolé à l’église demeure la galerie sud restaurée au XVIIe siècle : elle donne accès au chauffoir des moines du XIIIe siècle remarquablement conservé avec son immense cheminée à hotte.

Jean de Montmirail, Connétable de France, humble moine à Longpont
Aujourd’hui, l’église paroissiale occupe modestement quatre travées dans une partie de l’ancien cellier. Un reliquaire contient les ossements du bienheureux Jean de Montmirail, Connétable de France (il a sauvé la vie de Philippe-Auguste à Gisors). Ce vaillant et célèbre chevalier qui se fit humble moine à Longpont était marié et avait 7 enfants : Gardant le secret de son entrée en religion, avant de partir pour Longpont, Jean convoqua le peuple et simula son départ pour la croisade contre les Albigeois. Il partit enfin avec le consentement de sa femme. Il reçut l’habit de novice le jour de l’Ascension, des mains de l’abbé Gautier d’Ochies (1201-1219), ce fut en l’année 1210, où l’Ascension tombait le 27 mai. Après une vie exemplaire, il mourut le 29 septembre 1217 à l’abbaye de Longpont, à 52 ans.

Séjourner à l’abbaye de Longpont
Accueil à l’abbaye : Vous pouvez bénéficier de logements sur place (chambre des mariés dans l’abbaye) et 5 gîtes dans le parc de l’Abbaye.
- Ecuries 12 places en 3 chambres (2, 4, 6) : 720 € (le WE), 1090€ (la semaine)
- Bergerie 18 places, en 5 chambres (6,6,2,2,2) : 1080 € (le WE), 1640€ (la semaine)
- Métairie 20 places en 6 chambres (4, 4, 4, 4, 2, 2) + camping possible : 1200 € (le WE) 1820€ (la semaine)
- Moulin 10 en 4 chambres (2, 2, 3, 4) (+ 2 canapés convertibles à 140 x 190 cm) + camping possible : 600 € (le WE) 910€ (la semaine)
- Pavillon Loft de 6 en une chambre : 360 € (le WE) 550€ (la semaine)

A l’hôtel de l’Abbaye
Cet hôtel-restaurant Logis, est situé près de l’Abbatiale de Longpont et à quelques pas de la forêt de Retz. Les 11 chambres de l’hôtel sont à votre disposition pour de courts séjours ou week-ends tout au long de l’année. L’Hôtel de l’Abbaye, c’est aussi un restaurant : une table aux couleurs régionales, une carte de saison et de produits du terroir, volontiers parée des fruits de la chasse.
8, rue des Tourelles – 02600 – Longpont
habbaye@wanadoo.fr
Venir à Longpont
1/Par la route : à 4 Km de la N°2 entre Villers-Cotterêts et Soissons, Longpont se situe à 90 km au nord-nord-est de Paris, à 65 Km de la zone aéroportuaire de Roissy-en-France. Villers-Cotterêts est à 13 km et Soissons à 17 km.
2/Par le train : Longpont est desservi le week-end et certains jours fériés. Par le train puis par le bus ou taxi : En venant de Villers-Cotterêts, mieux desservi par le rail, TER Picardie on prend un Bus-à-la-demande : www.villeo-retzeo.fr
3/En taxi :
- Les taxis de Villers-Cotterêts
- Carine Taxi : 06 07 21 31 12
- Taxi Alain : 03 23 71 15 15
- Taxi-Ambulance Torcq : 03 23 72 55 15
Que faire à Longpont et dans la région
Située entre Reims (45 min) et Paris (1h00), proche de Compiègne, Senlis et Soissons, la région de Longpont offre une grande variété d’activités. De nombreuses cathédrales : Soissons, Laon, Noyon, Senlis, Reims. Le site de Longpont est en lisière de la forêt de Retz, et proche de celle de Compiègne qui offrent toutes deux de nombreux circuits pédestres.
1/Autre abbaye à Soissons (à voir absolument!)
Saint Jean des Vignes et Crypte de l’abbaye Saint-Médard à Soissons : www.musee-soissons.org

2/Plusieurs châteaux :
- Château de Coucy www.coucy.monuments-nationaux.fr
- Donjon de Septmonts www.amisdeseptmonts.net
- Château de Pierrefonds www.pierrefonds.monuments-nationaux.fr
- Donjon de Vic-sur-Aisne www.chateau-de-vic.com
- Château Francois 1er à Villers-Cotterêts

3/Souvenirs militaires
La région, très marquée par la guerre de 14/18 en garde de nombreux lieux de souvenir : musée de la Caverne du Dragon, Berry au Bac, …)
- Fort de Condé www.fortdeconde.com
- Chemin des Dames www.chemindesdames.fr
- Caverne du Dragon / Musée du Chemin des Dames www.caverne-du-dragon.fr

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