Montmartre, son musée, sa vigne, ses moulins, le Sacré-Cœur, la place du Tertre,…et la Bonne Franquette

Juchée au sommet de la butte, La Bonne Franquette, au cœur de Montmartre

Quelle adresse ! Elle est à l’angle de la rue des Saules et de la rue Saint Rustique, si chère au peintre, Maurice Utrillo ! A 128 m d’altitude cette dernière est la plus haute rue de Montmartre donc le point culminant de la capitale. Mais pas tout à fait puisque la tour Eiffel se targue de culminer à 300 m d’altitude.

La Bonne Franquette, sans doute l’un des plus connus des rendez-vous gastronomiques et festifs de Montmartre. L’établissement se trouve tout en haut de la rue Lepic à l’angle de la rue Saint-Rustique qui offre une vue sur le Sacré Cœur et mène à la place du Tertre. Photo © François Collombet
La terrasse de la Bonne Franquette occupe le coin de la célèbre rue des Saules. Juste en contre-bas, l’imposante grille qui donne sur le Clos Montmartre, 2000 pieds vendangés chaque année. Au-dessus, le musée de Montmartre et au pied du vignoble le célèbre cabaret Le Lapin Agile. Photo © François Collombet
Cette toile qui représente la terrasse de La Bonne Franquette (appelée alors les Billards en bois) fut peinte par Van Gogh vers 1886, alors qu’il habitait avec son frère au 54, rue Lepic. C’est le jeune Toulouse-Lautrec qui l’invita ici à boire de l’absinthe. C’est là, dans le jardin de ce qui est aujourd’hui La Bonne Franquette qu’il peignit La Guinguette, aujourd’hui exposée au Musée d’Orsay. (DR)

C’était le rendez-vous des plus grands peintres impressionnistes

Encore faut-il savoir y aller à La Bonne Franquette, ce café-restaurant mythique où bat encore le cœur de Montmartre. Une maison du XVIe siècle dans ce vieux Montmartre. Elle fut le rendez-vous de Pissarro, Sisley, Cézanne, Toulouse-Lautrec, Renoir, Monet, Zola… sans doute assoiffés après l’ascension de la butte. D’autres sont des voisins, Suzanne Valadon et Utrillo, installés en 1896 à l’angle de la rue des Saules et de la rue Cortot (aujourd’hui, musée de Montmartre), tout près de chez Aristide Bruant. Autres habitués, les frères Van Gogh, Vincent et Théo. Pensez à eux en passant devant le 54, rue Lepic. C’est là qu’ils habitaient.

A deux pas de La Bonne Franquette, la basilique Notre-Dame du Sacré-Cœur. L’avait-on élevée pour que Montmartre, ce haut lieu de la vie parisienne bien malfamé, puisse redorer son image ? Photo © François Collombet

Au comptoir de La Bonne Franquette, les Fracheboud de pères en fils depuis 1971 

La Bonne Franquette, en haut de la rue Lepic, ne pouvait pas se contenter d’être un restaurant, un bar à vins, un bistro ou encore un cabaret. Non, l’établissement est devenu au fil de l’histoire une véritable institution montmartroise. Car cette maison a su mettre “en cuisine”, dans ses verres et par sa musique, sa devise (affichée sur les murs) : aimer, manger, boire et chanter. Ici, épicurisme et bonheur ne sont pas de vains mots. Monter à La Bonne Franquette est encore un pèlerinage auprès de tant d’artistes qui ont habité ou fréquenté ces lieux. Au départ, une guinguette appelée Aux Billards en Bois, Le Franc Buveur, L’Ange, Le Ranch. Elle est devenue en 1925, La Bonne Franquette, expression parfaitement adaptée à la maison ! Eh oui, c’est “sans cérémonie, sans façon, en toute simplicité, à la fortune du pot” qu’on pousse la porte de La Bonne Franquette, sûr d’y trouver l’esprit et la convivialité qui anime ce haut lieu de la vie montmartroise. D’ailleurs, n’est-elle pas en pointe avec l’Association pour l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO des bistrots et des terrasses de Paris pour leur art de vivre.

Patrick et Luc, deuxième et troisième génération des Fracheboud qui, à La Bonne Franquette, s’évertuent à entretenir l’esprit de ce haut lieu du patrimoine Montmartrois avec pour devise : aimer, manger, boire et chanter. Photo © François Collombet

Le patron est Maître Sommelier

En 1971, La Bonne Franquette était racheté par Maurice Fracheboud, originaire de Samoëns en Haute-Savoie ; début d’une dynastie qui allait marquer l’histoire de la Butte. Aujourd’hui, les Fracheboud, Patrick et Luc, père et fils sont au commande. Le fils est ministre de la musique de la République de Montmartre. Patrick n’a pas de fonction ministérielle mais a une passion, sa cave. Il aime savoir qu’il a sous la main au moins 200 appellations de vins et d’alcools tous choisis par lui. Ce Maître Sommelier a su faire de La Bonne Franquette, le repère des grands mais aussi de plus petits vins qui font la réputation d’une grande maison. Il connaît les vignerons, ceux qui cultivent leurs vignes avec passion et dans le respect de l’environnement ; ceux qui offrent des produits exprimant magnifiquement leurs terroirs. En 2015, il recevait le titre de Maître Sommelier remis par les quatre meilleurs sommeliers du monde français : Philippe Faure-Brac, Serge Dubs, Olivier Poussier et Jean-Luc Pouteau. En 2023, à l’occasion de l’élection du Meilleur Sommelier du Monde qui avait lieu à Paris, la très prometteuse candidate française, Pascaline Lepeltier (arrivée au pied du podium, à la quatrième place) fut intronisée Citoyenne d’Honneur de la République de Montmartre par Alain Coquard. C’était bien évidemment à La Bonne Franquette. 

Après un super jumelage au Champagne avec Bouzy, pourquoi ne pas réitérer l’idée avec Beaujeu, capitale historique du Beaujolais ? C’est ce qui se fera à La Bonne Franquette en novembre 2023 quand sera lancé à Beaujeu l’arrivée du Beaujolais Nouveau.

A La Bonne Franquette, petit déjeuner sur le zinc, belle occasion de se retrouver entre Patrick Fracheboud et Dominique de Haut de Sigy, un habitué des lieux, chroniqueur gastronomique et producteur de la Côte de Nuits. Photo © François Collombet

Tout ce qui est fête à Montmartre passe par La Bonne Franquette

Toutes les énumérer reviendrait à remplir l’agenda des festivités de la Butte : la fête du Beaujolais, le repas annuel de chasse, la paulée des Sommeliers, le salon des vins de Savoie, de Corse et d’ailleurs, le repas de gala de l’Académie Nationale de Cuisine, la Biennale du livre…

Sous le regard bienveillant de Patrick Fracheboud, côte à côte, le préfacier et l’auteur : Alain Coquard, Président de la République de Montmartre et Gérard Letailleur qui vient de sortir : Si Montmartre & La Bonne Franquette nous étaient contés… aux Editions d’Art Trianon. Le trio a le rire facile ! Gérard a le titre de Conseiller pour les bistrots de la République de Montmartre (et membre de l’Académie Rabelais). Patrick Fracheboud a sorti un de ses meilleurs champagnes. Photo © François Collombet
Comme tous les ans en février se déroule au son des cors, le grand déjeuner de clôture de chasse à La Bonne Franquette. Menu préparé par Gaby Biscay MOF, Jean Sabine, Goran Andric et Christophe Blumenzak … arrosé au bon vouloir du sommelier des lieux, généreux et fin connaisseur. Photo © François Collombet
Pas d’heure pour Patrick Fracheboud ! Une bonne bouteille de Champagne s’ouvre pour les amis et surtout pour une complice de toujours, la Ministre de l’agriculture de la République de Montmartre, Marie France Coquard. C’est une superbe cuvée d’Aÿ de la Maison Girard, “Hommage au Pinot Noir”. Photo © François Collombet

Quand le saké se fête à La Bonne Franquette

Patrick Fracheboud en tant que Maître sommelier est un grand amateur de Saké. Il vous montrera volontiers ses précieux flacons. Alors quoi de plus manifeste que d’organiser à La Bonne Franquette le concours des meilleurs sakés par l’Association des sommeliers de Paris rassemblant 250 sommeliers. Elle est présidé depuis 2007 par Jean-Luc Jamrozik ancien grand maître des caves du Baltimore et du Lancaster.

Rencontre et dégustation mémorable de sakés à La Bonne Franquette. Quand Patrick Fracheboud fête ses invités japonais : Keiichiro Miyagawa (fondateur du Kura Master, premier concours des sakés japonais en France) et gérant de la galerie K (Sakés & Vins), Masato Nagumo (caché en partie par le flacon de saké) est l’Executive Vice-Président d’Hakkaisan Brewery et Jiro Nagumo, président d’Hakkaisan Brewery. Photo © François Collombet

Dégustation exceptionnelle d’un Kasutori Shochu à La Bonne Franquette 

Les brasseurs de ce Kasutori Shochu (saké issu de la distillation des lies ou « kasu ») sont là, à notre table : Jiro et Masato Nagumo, propriétaires de la célèbre brasserie Hakkaisan. Elle est située à Minami uonuma, dans la préfecture de Niigata, sur l’île de Honshu. A Minami Uonuma (sud d’Uonuma), la région est réputée pour sa neige abondante et son eau super douce qui convient parfaitement à la fabrication d’un saké d’une pureté exceptionnelle. On a dit de cette région d’Uonuma (on y trouve le mont Echigo-Komagatake au nord-est et le mont Makihata au sud-est) qu’elle est une création de Dieu faite pour la fabrication du saké. 

Un saké à la fortune illimitée 

Ce saké que nous allons déguster a pour “titre” Hakkaisan Yoroshiku Senman Arubeshi Kasutori Shochu. « Yoroshiku senman arubeshi » étant une vieille expression Chinoise signifiant « fortune illimitée ». Pour ce saké Shochu, seules les lies de saké fraîches produites à partir de la fabrication du saké sont utilisées pour créer ce luxueux Kasutori Shochu ; un shochu au goût très riche mûri pendant plus de trois ans et présentant une bonne combinaison de moelleux et d’arômes caractéristiques du saké japonais. Au Japon, le shochu est une boisson traditionnelle populaire qui se consomme en diverses occasions (apéritif, digestif ou au cours du repas). Il se boit sec, avec glaçons ou allongé d’eau pétillante. 

A la table de La Bonne Franquette, Jiro et Nagumo propriétaire à Minami Uonuma (préfecture de Niigata), de la célèbre brasserie Hakkaisan. Photo © François Collombet
Tout à La Bonne Franquette se termine en musique. Beau duo entre Keiichiro Miyagawa, véritable meneur de revue et l’accordéoniste Michel Réfutin. Photo © François Collombet

Mieux comprendre le saké :

La République de Montmartre a installé son siège social à La Bonne Franquette

La République de Montmartre se devait d’avoir son siège social à La Bonne Franquette. Cette vénérable institution montmartroise dont le président aujourd’hui est Alain Coquart* fut fondée en 1921. Elle s’enorgueillit d’être depuis plus d’un siècle fidèle aux vœux de ses fondateurs, Poulbot, Willette, Forain… Elle l’est grâce aussi à l’engagement bénévole de ses citoyens (constituée de plus de 500 adhérents), députés, consuls, ambassadeurs et ministres. Autour du président, gravite un gouvernement d’une quarantaine de personnalités en comptant son cabinet, ses conseillers, le conseil des ministres et la présidence d’honneur. Si la fête des vendanges de Montmartre avec l’ouverture du ban des vendanges par le Président de la République de Montmartre et sa participation au grand défilé rassemblant plus de 1500 personnes (confréries vineuses et groupes musicaux) est un point fort de son actualité, elle œuvre également au profit de l’enfance défavorisée. Dans un autre domaine, elle a su susciter des liens de solidarité et d’amitié entre artistes plasticiens, musiciens, gens de lettres, de cœur et d’esprit. Gardienne de la tradition montmartroise, elle veille à préserver l’esprit frondeur et humain qui bâtit la légende de Montmartre, en restant fidèle à sa devise : Faire le bien dans la joie !

*Elu depuis 2012. 

La Bonne Franquette est le siège de la République de Montmartre. Son président, Alain Coquard écharpe jaune et bleue sur l’épaule, chapeau noir, écharpe rouge, hommage à Aristide Bruant (chansonnier montmartrois des années 1920), immortalisée par Toulouse-Lautrec y est chez lui. Il est au côté de Marie-France Coquard, ministre de l’Agriculture (ne surtout pas l’appeler Première Dame !). Photo © François Collombet
Les Républicains sont là en grand nombre et en grande tenue devant Le Clos Montmartre pour le ban des vendanges, sous le regard protecteur d’un agent de la sécurité. Photo © François Collombet
Plus tard dans la journée, ils participeront au grand défilé de la fête des vendanges dans les rues de Montmartre. Photo © François Collombet

Pas de Montmartre sans ses P’tits Poulbots

Aujourd’hui encore, symboles du folklore de Montmartre, les P’tits Poulbots, habillés en costume d’infanterie de 1813 et maniant baguette et tambourin sous la direction de Joël Benhayoun, défilent dans les rue de Montmartre et animent de leurs roulements de tambour de nombreuses festivités du quartier. Leur Présidente, Joëlle Leclercq continue de tout mettre en œuvre avec d’autres bénévoles pour perpétuer la tradition comme au temps de Poulbot. Photo © François Collombet
Ces P’tits poulbots, ces gosses emblématiques de Montmartre sont les véritables stars de la butte. Photo © François Collombet

En remontant la légendaire rue Lepic, d’un moulin à l’autre jusqu’à La Bonne Franquette

A croire que tout mène à La Bonne Franquette ! En remontant la légendaire rue Lepic, depuis le boulevard de Clichy, c’est pénétrer (en s’offrant une petite sueur) dans la mythologie de Montmartre. Plusieurs cabarets avaient ouvert leurs portes autour de la Butte vers la fin du XIXe siècle comme le Lapin Agile, le Chat Noir. Mais celui qui rencontrera le plus gros succès fut, place Blanche, au pied de la butte, le Moulin Rouge*.

*Patrick Fracheboud après son père y travailla dans les années 1970.

Le fameux “French Cancan”

C’est là, au Moulin Rouge dans les années 1880 que nait le fameux “cancan”, cette danse qui transgressera les tabous. Imaginez à l’époque des danseuses jambes écartées sur culottes fendues et des figures très osées comme le grand écart, le coup de cul, le salut militaire, la cathédrale…Mais ce qui rendit le “cancan” mondialement connu est la célèbre musique de l’opéra bouffe Galop infernal d’Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach (1819-1880). Elle fut créé en 1858 dans son théâtre des Bouffes-Parisiens. Elle a été reprise et arrangée par le célèbre French cancan de 1866.

Le Moulin Rouge au 82, boulevard de Clichy, en bas de la butte de Montmartre. Il serait le plus grand cabaret du monde. A droite, la célèbre affiche de la Goulue de Toulouse-Lautrec pour le bal du Moulin -Rouge. Elle est exposée au musée de Montmartre. Photos © François Collombet

Le Moulin de la Galette, seul moulin en état de marche de la butte de Montmartre

Du Moulin Rouge, place du Tertre, tourner rue Lepic, dans cette rue toute en pente et en courbes qui escalade le « vieux village ». On monte avec le sentiment de ressentir cet esprit « bohème » qui a fait de Montmartre, le refuge des peintres, des écrivains, des poètes et des artistes. A mi- pente, le Moulin de la Galette, au coin de la rue Lepic et de la rue Girardon, célèbre pour son fameux bal. Ne vous y trompez pas, si ce moulin est en état de marche, ce n’est pas le moulin d’origine au pied duquel se tenait un ancien bastringue si cher aux peintres et notamment à Auguste Renoir. Le Moulin de la Galette est en fait constitué de deux moulins à vent, le Blute-fin construit en 1622 à l’ouest et le Radet datant de 1717 à l’est. Aujourd’hui, le Blute-fin est le dernier moulin de la Butte en état de fonctionnement.

Le Moulin de la Galette au coin de la rue Lepic et de la rue Girardin. Sur le toit de son restaurant, le moulin Radet. Photo © François Collombet

Le célèbre Bal du Moulin de la Galette de Renoir, peint dans le jardin de La Bonne Franquette

A Montmartre, le Moulin de la Galette fut peint par quelques-uns des grands peintres de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle : ainsi, voit-on Le Moulin de la Galette peint dans une série de tableaux par Van Gogh ; par Picasso (1900) ; par Toulouse-Lautrec ; par Ramon Casas (1892) ; par Van Dongen ; par Utrillo (1922) ; par Eugène Paul (dit Gen Paul) ; par Louis Vivin, peintre naïf (1926), etc.  

Bal du Moulin de la Galette à La Bonne Franquette  

Mais pas de doute, le plus célèbre tableau fut Bal du moulin de la Galette peint par Auguste Renoir en 1876 (au Musée d’Orsay à Paris aujourd’hui). Il travailla ce tableau à deux pas du moulin, dans les jardins du cabaret d’Olivier, le tenancier du Franc Buveur devenu La Bonne Franquette (idem pour La Balançoire, tableau exposé aussi au musée d’Orsay). Il faut dire que ce lieu inspira bien des peintres avec son jardin, ses bosquets, ses tonnelles, sa balançoire. On y croisait alors un jeune médecin, Georges Clémenceau (1841-1924). Il était maire de Montmartre et député républicain radical. Il aimait y fréquenter les artistes et notamment son grand ami, Claude Monet. Celui qui fut appelé “le tigre” devint un farouche défenseur des impressionnistes notamment lors du scandale que suscita l’exposition du tableau Olympia d’Edouard Manet.  

Le Moulin de la Galette la nuit. Aujourd’hui, c’est un restaurant réputé. Les convives viendraient-ils y retrouver l’esprit des peintres que ce lieu inspira tant. Photo © François Collombet
Gregory Millot a repris en 2017, le Moulin de la Galette, mythique établissement de la rue Lepic, secondé par son épouse, Andrea venue du Brésil. Il est ambassadeur de la République de Montmartre. Il fut directeur adjoint du plus vieux restaurant de Paris, Le Procope puis directeur de la Closerie des Lilas, du Sanglier Bleu et enfin du Wepler. Photo © François Collombet

Un ancien réservoir d’eau qui sert de siège à la Commanderie du Clos Montmartre

C’est un ancien et très étonnant réservoir d’eau situé place Jean-Baptiste Clément, à l’angle des rues Lepic et Norvins, tout proche de La Bonne Franquette. Il abrite aujourd’hui le siège de la Commanderie du Clos Montmartre. De forme octogonale et de style néo-renaissance, ce réservoir d’eau et sa fontaine furent construits en 1835 mais désaffecté un siècle plus tard, remplacé par le réservoir du Sacré-Cœur. Il avait une capacité de 260 m3 et devait compenser la disparition des sources de Montmartre.

Cet ancien réservoir d’eau et sa fontaine servent aujourd’hui de siège à la Commanderie du Clos Montmartre. A croire que cette petite descente mène au Clos Montmartre situé juste en contre-bas. Photo © François Collombet
Comme tous les ans, au moment de la fête des vendanges, la Commanderie du Clos Montmartre, perchée tout en haut du vignoble surveille le bon déroulement de la cérémonie. Photo © François Collombet

Quand le Clos Montmartre et La Bonne Franquette fêtent les vendanges

Clos Montmartre sans doute le clos urbain le plus célèbre du monde

Le Clos Montmartre connu dans le monde entier occupe une partie du flanc nord de la Butte Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris. Il est à l’angle de la rue Saint-Vincent et de la rue des Saules (entrée 14-18 rue des Saules). Cet incroyable lopin de vigne planté en 1932 à l’initiative d’une poignée d’habitants qui tenaient à sauver le terrain de l’urbanisation et auxquels la mairie apporta son soutien, est à portée de voix du légendaire cabaret, le Lapin Agile, du musée de Montmartre qui le surplombe ainsi que du restaurant, La Belle Franquette, une institution à Montmartre.

Clos Montmartre sur le versant nord de la butte avec panorama sur Paris. Tout en bas (en ocre), au 22, rue des Saules, le célèbre cabaret de Montmartre, Le Lapin agile. Vue du musée de Montmartre. Photo © François Collombet
Vincent Bolenor est le seul vigneron-jardinier à s’occuper de la vigne de Montmartre cultivée évidemment en bio. Elle n’est traitée qu’avec des pesticides autorisés en viticulture biologique (le cuivre et le soufre) d’où son inscription parmi les sites Oasis Nature, un label délivré par l’association d’Hubert Reeves pour la préservation de la biodiversité. La récolte tourne entre 1100 et 1 500 kg pour 1900 pieds : « nous en possédions davantage par le passé. Mais depuis que nous avons décidé de ne plus tailler en Gobelet, pour privilégier la taille Guyot, nous avons espacé les rangs » précise Vincent Bolenor. Photo © François Collombet

La fête des vendanges de Montmartre

Rendez-vous incontournable d’octobre : la fête des vendanges de Montmartre. Elle a lieu du 11 au 15 octobres 2023. Alors comment célébrer ce 90e ban des vendanges* ? Rendez-vous donc au restaurant La Bonne Franquette chez Patrick Fracheboud, cette institution montmartroise située à l’aplomb du vignoble ( il suffit de descendre une centaine de mètres la rue des Saules pour se retrouver devant la grille du Clos Montmartre). Pour cette journée de fête, devraient être présents Eric Lejoindre, maire du 18e arrondissement, Gilles Guillet, Grand Maître de la confrérie du Clos Montmartre, la Commune Libre de Montmartre, les Compagnons de la Butte Montmartre, les représentants des confréries et groupes folkloriques participant au défilé. Est également attendue, la maire de Paris, Anne Hidalgo. Et, à tout seigneur, tout honneur, on y verra, le maître des lieux, Vincent Bolenor, vigneron-jardinier du Clos Montmartre ainsi que Sylviane Leplâtre, l’œnologue de la Ville de Paris en charge du vignoble et de la vinification. L’événement attire comme tous les ans, les médias du monde entier. N’est-ce pas l’une des manifestations parisiennes les plus populaires qui attire près de 500 000 visiteurs sur les rues de la Butte ?

La première fête des vendanges de Montmartre s’est tenue en 1934. Les vignes avaient été plantées 2 ans plus tôt. Ne donnant pas de raisin avant la troisième année, il fallut la générosité des vignerons du Beaujolais pour offrir à Montmartre sa première fête.

La fête des vendanges à Montmartre, un événement mondial !

Clos Montmartre, ban des vendanges. Sur l’estrade, au premier plan : le hiératique président de la République de Montmartre, Alain Coquard. On distingue également Anne Hidalgo, la maire de Paris, Eric Lejoindre, maire du 18e arrondissement, Eric Sureau, président du comité des fêtes et d’actions sociales de Montmartre. A l’extrême droite et en retrait, Bernard Beaufrère, le talentueux garde champêtre de la République de Montmartre. Photo © François Collombet
La musique s’invite au Clos Montmartre (violon alto) pour interpréter “Le futur n’existe pas” de Salvadore Adamo (arrangement pour les Compagnons de la Butte par Brigitte Macères). Photo © François Collombet

Une production moyenne de 1900 bouteilles de 50 cl.

La production est d’environ 1100 bouteilles de 50 cl de vin rouge et 800 de vin rosé. Et la qualité est au rendez-vous ! Lors d’une dégustation à l’aveugle les vins du Clos Montmartre ont été qualifiés de haut niveau par le président de l’association des sommeliers de Paris-île de France. Le produit de la vente du vin de Montmartre sert exclusivement à financer nombre d’actions sociales du 18e arrondissement.

Ambassadrice de charme de Montmartre, Laura Druot dans les vignes du Clos Montmartre. Photo © François Collombet
Clos Montmartre, ban des vendanges. Un vignoble qui couvre 1556 m2 et compte 1900 pieds de vigne. Photo © François Collombet
La Maison Rose, petite maison rose construite vers 1850, à l’angle de la rue des Saules et de l’Abreuvoir dont l’histoire voudrait qu’Utrillo en ait fait la renommée. D’ailleurs, elle est à deux pas du musée de Montmartre. Ce restaurant rose, l’un des plus photographiés de la butte. fut un lieu d’inspiration pour bien des artistes de Montmartre (Picasso, Braque, Cézanne, ou Apollinaire). Photo © François Collombet

Rêver Montmartre !

Le Musée de Montmartre juste en contre-bas de La Bonne Franquette

Le plus secret, le plus charmant, le plus bucolique

Le musée de Montmartre est l’un des musées les plus secrets et sans doute le plus charmant de Paris. Il offre en plus, dans un cadre bucolique (les jardins Renoir), une vue exceptionnelle sur les vignes du Clos Montmartre. Créé en 1960, ce musée occupe un très beau groupe de maisons du XVIIe siècle (Maison du Bel Air et l’hôtel Demarne), rue Cortot qui abrita de nombreux artistes comme Auguste Renoir. Il y avait son atelier (de 1875 à 1877). Il y peignit notamment Le Jardin de la rue Cortot ; tout comme Suzanne Valadon qui y vécut de 1912 à 1926 (voir son appartement-atelier). Elle le partageait avec son compagnon André Utter et son fils, Maurice Utrillo* ; une cohabitation volcanique surnommé le trio infernale ! Autres peintres, Emile Bernard ou encore Raoul Duffy qui y séjournèrent. Dans ce musée, une collection exceptionnelle de peintures, d’affiches, de dessins, de photographies pour ressentir l’ambiance des peintres qui marquèrent l’histoire de Montmartre, du Bateau-Lavoir à l’atelier Cortot sans oublier la vie nocturne de la butte et ses célèbres cabarets, du Chat noir au Moulin rouge. Plus des œuvres de Toulouse-Lautrec, Modigliani, Kupka, Steinlen (dont l’originale de sa célèbre affiche du Chat noir).

*On doit à Maurice Utrillo, fils de Suzanne Valadon, des œuvres inspirées par bien des rues que vous venez de parcourir pied : “Rue Lepic”, “Moulin de la Galette”, Rue Saint-Rustique, Montmartre sous la neige”, “Sacré-Cœur” de Montmartre vu des toits” etc. Montmartre est le sujet exclusif de ses toiles. En 1918, il déclarait : “j’en ai fait plus de mille”.

Une entrée bien discrète pour l’un des plus émouvants musées de Paris, le musée de Montmartre-Jardin Renoir. Derrière cette porte, c’est un ensemble de bâtiment du XVIIe siècle comprenant l’hôtel Demarne, la maison du Bel Air et l’appartement-atelier de Suzanne Valadon et de son fils, Maurice Utrillo. Photo © François Collombet

Musée de Montmartre : à gauche, l’hôtel Demarne et à droite, la maison du Bel Air. Il témoigne de la profusion artistique et sociale qui anima Montmartre de la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle. Photo © François Collombet

Dans un Montmartre si agité, pourquoi ne pas faire une pause sous les parasols du musée de Montmartre ? Photo © François Collombet

Place du Tertre, place aux Jeux olympiques !

Mais attention, faites de la place ! Lors des Jeux olympique, peintres et touristes devront laisser la place aux cyclistes qui auront à passer trois fois sur la place du Tertre, au sommet de la butte de Montmartre, via la rue Lepic, avant de descendre en longeant la basilique du Sacré-Cœur.

A deux pas de La Bonne Franquette, la Place du Tertre est l’attraction la plus connue de la butte. C’est l’ancienne place historique de la commune de Montmartre. Encore faut-il savoir se faufiler au milieu des touristes entre les terrasses des restaurants et les chevalets des peintres et des portraitistes. Tous ces artistes se partagent 140 emplacements, soit 1 m2 pour deux (ils travaillent donc en alternance). Pour la petite histoire, le mot bistro est né ici, sur la place au café la mère Catherine. En 1814, la soldatesque russe qui occupait Paris, avide de vider un verre criait à la patronne : “bistro” ce qui signifiait en russe “vite”. Le mot est resté. Photo © François Collombet

Le Sacré-Cœur devenu le “roof-top” de Paris

220 marche pour accéder à la basilique du Sacré-Cœur ! Un conseil, passer par la rue Lepic avec un arrêt à La Bonne Franquette puis en passant par la Place du Tertre, vous y êtes. Certains imprudents pourraient s’aventurer au plus près en empruntant la ligne 12 du métro. Il faut savoir que la station qui dessert le Sacré-Cœur, Abbesse est la plus profonde de Paris (-36 m). Et souvent, l’ascenseur est en panne. Alors, bonne chance ! Le métro Anvers serait plus sûr (ligne 2) ! Et quoi de plus romantique que Montmartre pour assister à un coucher de soleil sur Paris ? Tout en haut des marches, à deux pas du parvis du Sacré-Cœur. Inoubliable !

Une blancheur éclatante due à la pierre calcaire utilisée

Ces dizaines de marches valent bien d’accéder au premier lieu le plus visité de Paris (après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame) mais avant le Louvre et la tour Eiffel. On estime à dix millions ses visiteurs et pèlerins qui se rendant chaque année dans l’édifice en pierre calcaire de Château-Landon. Cette pierre a la particularité de se nettoyer au contact de la pluie, ce qui explique sa blancheur éclatante.

La revange d’une défaite !

La basilique fut édifié entre 1875 et 1912 suite à un « Vœu national » formulé en janvier 1871 qui demandait de bâtir une église à Paris dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, “en signe de pénitence, de confiance, d’espérance et de foi “. Elle le fut sur les plans de l’architecte Paul Abadie*. Était-ce le monument expiatoire pour faire oublier les ravages de la défaite de la guerre franco-prussienne ? La première pierre fut posée le 16 juin 1875. Son financement fut assuré par une souscription nationale qui récolta 46 millions de francs. L’achèvement de la construction demanda 39 ans et nécessita l’intervention de six architectes à la suite de Paul Abadie. L’élément le plus remarquable de l’édifice est la mosaïque intérieure d’une superficie de 474 m2.

*Paul Abadie s’est largement inspiré de la cathédrale Saint-Front, à Périgueux dont il avait été le restaurateur. Donc ne vous étonnez pas à y découvrir un édifice en forme de croix grecque, ornée de quatre coupoles.

Pourquoi Montmartre, pourquoi avoir choisi ce lieu plutôt mal famé pour y élever une telle basilique ? Peu importe que Montmartre fut tragiquement associé à la Commune. L’archevêque de Paris souhaitait avant tout un point culminant visible par le plus grand nombre. Photo © François Collombet
Non le Sacré-Cœur de Montmartre n’a été construit pour expier les crimes (ou les péchés) de la Commune. Sa construction dura plus de 40 ans. Commencée en 1875, la basilique de style romano-byzantin a été consacrée par le cardinal Amette, archevêque de Paris, en 1919. A côté du dôme se trouve le clocher de 80 m de haut. Il possède une cloche de 18.835 tonnes, ce qui en fait non seulement la plus grande cloche de France, mais aussi l’une des plus grandes et des plus lourdes du monde Photo © François Collombet
Le Sacré-Cœur de Montmartre est depuis 2021, inscrit aux monuments historiques. La basilique, édifiée dans les années 1870 sur les plans de l’architecte Paul Abadie, ainsi que ses abords, sont concernés par cette procédure d’inscription et de classement englobant le square Louise Michel, lieu de commémoration de la Commune de Paris. Photo © François Collombet
En arrivant aux dernières marches avant de pénétrer dans la basilique, ne vous attendez pas à un tel accueil avec tambours et P’tits Poulbots. Dommage ! Photo © François Collombet

La Bonne Franquette et Les Noces de Jeannette, le duo des Fracheboud !

L’un est tout là-haut (La Bonne Franquette), l’autre tout en bas (Les Noces de Jeannette). Ce dernier est situé près des Grands Boulevards, à deux pas de l’Opéra Comique (rue Favart). Il est installé en lieu et place du restaurant italien “Poccardi”  le plus célèbre restaurant italien de Paris au XIXe siècle. Sur ces deux prestigieux lieux, règnent l’esprit Fracheboud !

En haut de la butte à Montmartre, La Bonne Franquette, près des Grands Boulevards, Les Noces de Jeannettes, le duo Fracheboud. Photo © François Collombet

One Comment Add yours

Leave a comment