Cet incroyable vignoble au cœur du village de Montmartre à Paris !
Une vigne historique, innovante et sociale
En cette fin septembre, on vendange le Clos Montmartre. Il est 8 h, un été qui se prolonge, un soleil qui commence à illuminer le nord-ouest parisien. L’air est léger, temps idéal pour la vendange. C’est le grand jour pour ce clos urbain sans doute le plus célèbre du monde*. Alors, ils sont tous là, les vendangeurs- jardiniers de la ville de Paris à attendre le top départ de Vincent Bolenor, unique vigneron du Clos. Lui fulmine d’un retard sur sa ligne RER mais vite oublié dans l’effervescence de cette matinée de vendange. Il faut maintenant aligner les bacs, organiser l’équipe et hiérarchiser les rangs à vendanger.
*Une association réunit des vignes urbaines du monde entier, « Urban Vineyards association ». On y retrouve évidemment Paris mais aussi Turin, Venise, New York, Palerme, Sienne, Catane, Thessalonique, Barcelone, Avignon…
Le Clos Montmartre connu dans le monde entier
Le Clos Montmartre occupe une partie du flanc nord de la Butte Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris, à l’angle des rues des Saules et Saint-Vincent. On est à quelques encablures du monument le plus visité de Paris, le Sacré-Cœur. Au-dessus, comme une vigie tutélaire, le musée de Montmartre serti de son parc et de sa terrasse. Le Clos est la propriété de la Ville de Paris*. Il est planté sur une surface de 1 556 m2, de 1 762 pieds de gamay, de pinot noir avec l’adjonction majoritaire d’une vingtaine de cépages métis tolérants aux maladies et au changement climatique.
*Le Clos Montmartre est la plus ancienne des cinq vignes dont la Ville de Paris est propriétaire avec Les vignes de Belleville (20e arrondissement) ; les vignes du parc de Bercy (12e) ; les vignes du parc Georges Brassens (15e) ; les vignes de la butte de Bergeyre (19e).
Un lopin de terrain sauvé de l’urbanisation
Ce vignoble perpétue une tradition ancestrale qui trouve sa source à l’époque gallo-romaine et connaît son apogée à la fin du XVIIIe siècle. A l’époque, la plupart des Montmartrois sont laboureurs-vignerons et la vigne recouvre partiellement la colline. Les vignobles appartiennent aux abbayes. Le premier cep de la vigne de Montmartre (la plus ancienne de Paris) aurait été planté par Adélaïde de Savoie. Elle fut la première abbesse de l’abbaye de Montmartre, une abbaye fondée par son époux, le roi Louis VI le Gros. A sa mort en 1137, elle s’y retira. Son tombeau est en l’église Saint-Pierre-de-Montmartre. Quant aux vignobles de Gentilly, Vanves et Suresnes, ils étaient la possession de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Mais toutes ces vignes vont disparaitre, victimes des promoteurs immobiliers et de la concurrence avec les autres régions viticoles sans oublier les ravages de l’oïdium en 1845 puis du phylloxera en 1861-1863 et du mildiou en 1878. Ne resterait-il alors que cet incroyable lopin de vigne planté en 1933* à l’initiative d’une poignée d’habitants qui tenait à sauver le terrain de l’urbanisation et auxquels la mairie apporta son soutien. Une vigne qui est à la portée de voix du légendaire cabaret, le Lapin Agile, du musée de Montmartre et du restaurant, La Belle Franquette, une institution Montmartroise.
*La première fête des vendanges de Montmartre s’est tenue en 1934. Les vignes avaient été plantées 2 ans plus tôt. Ne donnant pas de raisin avant la troisième année, il fallut la générosité des vignerons du Beaujolais pour offrir à Montmartre sa première la fête.
La plus petite vigne de France
La cueillette du raisin sur sans doute l’une des plus petites vignes de France n’a pris que quelques heures, une récolte destinée à produire deux cuvées, l’une rouge et l’autre rosé. Clos Montmartre recense près de 27 cépages, avec les incontournables gamay, pinot noir et de sauvignon. Depuis quelques années, les ceps moribonds, âgés d’une soixantaine d’année en moyenne (souvent de vieux hybrides américains) sont progressivement remplacés par des cépages « tolérants » aux maladies cryptogamiques, et adaptés aux conditions climatiques de la capitale : ce sont de “nouvelles variétés résistantes aux maladies avec les qualités œnologiques que l’on connait : artaban et vidoc (développés par l’INRAE), les suisses pinotin, cal1-28, cabernet jura, divico, l’allemand monarch…» . Des pieds venus d’une trentaine de cépages français et suisses, particulièrement fertiles et résistants aux maladies. La vigne prospère ici sur un sol de sables de Fontainebleau (très siliceux) dont le sous-sol est composé d’argiles vertes, de marnes à huîtres et de gypse. Son propriétaire n’est autre que la Ville de Paris (Direction des Parcs et Jardins) sous la férule de Sylviane Leplâtre ingénieure agronome de formation et œnologue-conseil en charge du Clos Montmartre. Le raisin est géré par le Comité des Fêtes et Actions Sociales de Montmartre.
Montmartre, un clos bio évidemment !
Vincent Bolenor est le seul vigneron-jardinier à s’occuper de la vigne de Montmartre cultivée évidemment en bio. Elle n’est traitée qu’avec des pesticides autorisés en viticulture biologique (le cuivre et le soufre) en attendant des produits de biocontrole efficaces d’où son inscription parmi les sites Oasis Nature, un label délivré par l’association d’Hubert Reeves pour la préservation de la biodiversité. La récolte tourne entre 1100 et 1 500 kg pour 1726 pieds : « nous en possédions davantage par le passé. Mais depuis que nous avons décidé de ne plus tailler en Gobelet, pour privilégier la taille Guyot, nous avons espacé les rangs » précise Vincent Bolenor.
Clos Montmartre, qu’attendre du millésime 2023 ?
Le Clos Montmartre est vinifié dans les caves de la mairie du 18e arrondissement avec des techniques innovantes et sans sulfites. Sylviane Leplâtre, l’œnologue du Clos (et œnologue pour la ville de Paris) est presque dithyrambique (et avec raison) : c’est un vin exceptionnel, qui n’existe pas ailleurs. Il est issu de 30 cépages différents. La parcelle est exposée au nord, ce qui lui donne un peu d’acidité, dans une latitude assez élevée. Les vignes sont taillées de manière à disposer d’un maximum d’ensoleillement. Au niveau du goût, ce sont des arômes très complexes. C’est un kaléidoscope d’arômes. Les tanins sont très tendres, ronds. C’est très frais. Un vin très agréable, qui ne ressemble à aucun autre.
Du Clos Montmartre, vers le chai au sous-sol de la mairie du 18e arrondissement
Les premiers bacs ont déjà été acheminés vers la mairie du 18e arrondissement. Il faut descendre la petite pente de la rue des Saules, passer la rue Saint-Vincent à l’angle du cabaret Au Lapin Agile, puis, jusqu’à la rue Caulaincourt.
Une vendange qui prend l’ascenseur ou l’escalier s’il est en panne !
De la rue Caulaincourt, la mairie est à 10 minutes (à pied) du Clos. Le caveau est dans le sous-sol de la mairie du 18e. Il est équipé pour la réception de la vendanges, l’élevage en cuves et en barriques jusqu’à la mise en bouteilles. Mais avant il faut assurer le tri du raisin, l’égrappage (ou éraflage) et le passage au pressoir avant la fermentation en cuve.
Le Clos Montmartre a son caveau au sous-sol de la mairie du 18e arrondissement. L’ intérieur de cette très impressionnante mairie fut fondée à la fin du XIXe siècle par un élève de Baltard, bel exemple d’architecture métallique, très à la mode à l’époque. Photos © François Collombet
Dans le caveau de la mairie, là où se vinifie le vin de Montmartre, domaine de Sylviane Leplâtre
Qu’attendre de la 90e fête des vendanges à Montmartre ?
L’an dernier, pour sa 89e édition, la Fête des Vendanges de Montmartre célébrait l’Égalité. À l’approche des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, le 18ème arrondissement « se prend aux jeux » et emprunte la devise Olympique : Plus vite, plus haut, plus fort ensemble. 5 jours durant, au coeur des 8 quartiers du 18ème arrondissement de Paris, la Fête des Vendanges de Montmartre offre un sacré programme. Cette année, des rencontres inattendues entre l’art et le sport seront l’un des “must” de cette fête.
Mercredi 11 octobre
11h : la visite des vignes (Vignes du Clos Montmartre)
14h : Le goûter des enfants – Bim Bam Boum Party (Jardins d’Éole)
19h : Soirée de lancement (Mairie du 18e arrondissement)
Jeudi 12 octobre
11h-15h : la grande chorale des enfants (Square Louise Michel)
14h : la visite des vignes (Vignes du Clos Montmartre)
17h30 : la balade « art et olympisme à Montmartre » (Sortie du Métro Anvers)
20h : la course nocturne (Square Louise Michel)
Vendredi 13 octobre
14h-16h : les visites des vignes (Vignes du Clos Montmartre)
17h30 : la balade « des associations et du sport à la Goutte d’Or » (Devant le théâtre des Bouffes du Nord)
18h à 19h15 : Les athlètes dans leur tête par la Cie La Part de l’Ombre (Jardin René Binet)
Samedi 14 octobre
10h : le Ban des Vendanges (Vignes du Clos Montmartre)
11h : Le sport fait son cinéma (La Fémis)
11h45-13h30 : Le Grand Défilé (Vignes du Clos Montmartre)
14h30-17h Trampo-photo par la cie Pôle-K (Jardin Jane Vialle)
16h-17h20 : Le bal poétique et populaire par la Cie du Théâtre du Cristal (Hôpital Bretonneau)
16h-17h30 : Mon Short en Or (Gymnase de la Goutte d’Or)
Dimanche 15 octobre
10h30 : La cérémonie des non-demandes en mariage (Place des Abbesses)
11h/14h/15h : Les visites des vignes (Vignes du Clos Montmartre)
13h30-17h : Paradis Sauvage – Battle de danse (Parc Chapelle Charbon)
16h30- 19h30 : Le Super Bal (Square Louise Michel)