Hospices de Beaune : la plus ancienne (1859) et la plus célèbre vente aux enchères caritatives du monde

Vente des vins des Hospices de Beaune en Bourgogne, chaque année en novembre, un événement mondial.

Chaque année en novembre, depuis 1859, la vendange des vignes des Hospices de Beaune est mise aux enchères. Le produit de la vente est consacré à l’amélioration des structures de soins de l’hôpital de Beaune capitale viticole de la Bourgogne ainsi qu’à la conservation du musée de l’Hôtel-Dieu. Les fonds récoltés permettent l’adaptation et les investissements nécessaires pour offrir les meilleurs soins possibles aux patients.

Sept heures d’enchères pour cette 162e vente des vins des Hospices de Beaune du 20 novembre 2022. Quatre commissaires-priseurs se sont succédé pour la vente de 802 pièces avec un record absolu de 31 millions d’€ récoltés. Photo © François Collombet

Record mondial pour une vente aux enchères de vins

31 millions d’euros ont été récoltés lors de la 162e vente des Hospices de Beaune, dimanche 20 novembre 2022. Nouveau prix record également pour la Pièce des Présidents vendu 810 000 € sous le parrainage de Flavie Flament et Benoît Magimel (journaliste et écrivaine pour l’une, acteur pour l’autre) qui ont fait magistralement monter les enchères. Une somme destinée à deux associations venant en aide aux enfants.

802 pièces de vin à la vente

La vente présentait cette année, 802 pièces* de vin abritant 51 cuvées du millésime 2022 réparties en 620 fûts de vins rouges et 182 fûts de vins blancs, tous issu des 60 ha du Domaine des Hospices de Beaune.

*La pièce correspond à 288 bouteilles, soit 24 caisses de 12 bouteilles.

Dans la grande halle de Beaune, plus de 700 personnes.et des enchères qui ont atteint 31 millions d’€, record mondial pour une vente aux enchères de vins. Photo © François Collombet

Sept heures d’enchères, des acheteurs venus de 30 pays

Quelle mise en scène dont la finalité n’est autre que de soutenir les hôpitaux des Hospices Civils de Beaune ! Une salle des ventes bondée sous les Halles de Beaune, un soleil d’automne inespéré (tout au moins au début). Plus de 700 personnes.et des enchères qui ont atteint 31 millions d’€, record mondial pour une vente aux enchères de vins*. Plus du double du précédent record établi en 2018 (14 millions d’€). Sept heures d’enchères menées successivement par quatre commissaires-priseurs. Des enchères qui sont venues de 30 pays, depuis la salle, les téléphones et en ligne.  Nul doute ces montants témoignent de la qualité exceptionnelle des vins des Hospices de Beaune régis par Ludivine Griveau et son équipe. Le premier bénéficiaire de ses ventes, François Poher, directeur et président du directoire des Hospices Civils de Beaune ne peut que s’en réjouir : « Les résultats historiques et spectaculaires de cette vente rendent hommage à de nombreux acteurs : nos vignerons et toute notre équipe du domaine, nos agents hospitaliers qui continuent leur mission avec abnégation, nos fondateurs et nos donateurs. Et à tous les Bourguignons qui défendent leur terre, leurs traditions mais surtout leur sens de l’hospitalité et de la fraternité. Le nouveau record de la pièce des Présidents pour la cause de l’enfance en est la meilleure expression ».

*Pour la deuxième fois en 2022, les Hospices de Beaune s’associaient à la Maison Sotheby’s

Ceux qui organisent la vente des vins des Hospices de Beaune

De gauche à droite : Amayès Aouli, Directeur Europe Continentale (Sotheby’s Wine), Ludivine Griveau, Régisseuse du domaine des Hospices de Beaune ; François Poher, Directeur et Président du Directoire des Hospices Civils de Beaune et Marie-Anne Ginoux, Directrice Générale, Sotheby’s France, réunis lors de la présentation à la presse de cette 162e vente des vins des Hospices de Beaune chez Sotheby’s Paris. Photo © François Collombet

Des vins venus exclusivement du domaine des Hospices de Beaune

Fondés en 1443 par le Chancelier du Duc de Bourgogne, les Hospices de Beaune ont d’abord pour vocations de soigner les pauvres et les plus démunis. Nicolas Rolin, fondateur des Hospices de Beaune fait de l’hôpital une institution permanente en le dotant de vignes, en le libérant de tous impôts et en commissionnant un chef d’œuvre de l’art flamand, le Triptyque du jugement dernier de Rogier van der Weyden. Une longue tradition de donations et de legs successifs a permis à l’hôpital de constituer au fil des siècles un important domaine viticole.

A Meursault, les Hospices de Beaune élaborent 7 cuvées dont 4 en premiers crus. Parmi celles-ci : Charmes 1er Cru – Cuvée Bahezre de Lanlay (Les Charmes Dessus 0.41 ha et Les Charmes Dessous 0.47 ha) et Charmes 1er Cru Cuvée Albert Grivault (Les Charmes dessus 0.55 ha). Photo © François Collombet

60 ha en transition vers la viticulture biologique

Aujourd’hui, le domaine des Hospices de Beaune couvre plus de 60 ha dont 80 % classés en tant que Grand Crus et Premiers Crus (50 ha plantés en pinot noir et 10 ha en chardonnay). Le vignoble est en grande majorité localisé en Côte de Beaune et Côte de Nuits mais aussi à Chablis, à Pouilly-Fuissé et dans le Mâconnais. Pendant des siècles, le Domaine a évolué et s’est adapté aux pratiques modernes et respectueuses de l’environnement. Une démarche respectueuse de l’environnement est engagée et le Domaine a entamé sa transition vers la viticulture biologique.

La montagne mythique de Corton (Côte de Beaune) Photo FC
La montagne mythique de Corton (Côte de Beaune). 7 cuvées exceptionnelles pour le domaine des Hospices de Beaune : Corton Blanc grand cru Docteur Peste ; Corton Vergennes grand cru Paul Chanson ; Corton Charlemagne grand cru Roi soleil ; Corton Charlemagne grand cru François de Salins ; Corton grand cru Les Renardes ; Corton grand cru Bressandes Charlotte Dumay, Corton grand cru Clos du Roi Baronne du Baÿ. Plus issue de la montagne de Corton, la pièce de charité, un Corton grand cru rouge. Photo © François Collombet

Une pièce de charité unique au monde, un Corton grand cru issu de la colline de Corton

Ludivine Griveau régisseuse du domaine des Hospices de Beaune devant la pièce de charité ; pièce unique de 228 litres fabriquée par les artisans tonnelier de la maison Louis Latour. Elle contiendra le Corton Grand Cru Rouge et c’est dans cet écrin que ce grand vin continuera son élevage. Photo © François Collombet

Lors de la vente aux enchères, un fût spécial, appelé la pièce des Présidents, est vendu séparément au profit ddeux associations venant en aide aux enfants.

Cette pièce des Présidents, un assemblage des Trois des plus beaux terroirs du domaine des Hospices de Beaune

Le Domaine des Hospices de Beaune a vinifié et sélectionné une partie de sa production de Corton Grand Cru Rouge, fruit d’un assemblage de trois des plus beaux terroirs du domaine des Hospices de Beaune (Corton Renardes, Corton Bressandes et Corton Chaume). Celle-ci a été logée dans une pièce spécialement fabriquée par la tonnellerie de la Maison Louis Latour. C’est donc dans cet écrin unique que ce Grand Vin continuera son élevage. Cette pièce de 228 litres a été fabriquée par l’artisan tonnelier de la maison Louis Latour. Elle porte les caractéristiques uniques et spécifiques de cette Maison, de la sélection des bois aux grains extras fins, à sa chauffe subtile, longue et légère. Les Hospices de Beaune et la Maison Louis Latour ont tenu à ce qu’elle soit fidèle en tous points aux méthodes artisanales auxquelles Louis-Fabrice Latour (décédé en septembre 2022) était très attaché.

Attention ! Le vin est vendu en primeur. Les raisins récoltés sont fraîchement vinifiés et prêts à être élevés. Le vin est vendu en fûts de 228 litres (appelés pièces). Après la vente l’acheteur doit confier les pièces à un négociant-éleveur bourguignon pour l’élevage.18 à 24 mois plus tard le vin est prêt à être mis en bouteille et consommé.

Albéric Bichot sous l’affiche de cette 162e vente des vins des Hospices de Beaune. Il dirige la maison familiale et indépendante Albert Bichot fondée en 1831dont les domaines s’étendent sur 100 ha. Né lui-même aux Hospices de Beaune, il est aujourd’hui la 6e génération de la famille Bichot. Cela fait plus de 20 ans qu’Albert Bichot s’illustre en tant que 1er acheteur de la Vente des Hospices de Beaune. A ses côtés, Camille Romain des Bosc qui dirige l’association Vision du Monde venant en aide aux enfants les plus vulnérables ; l’une des deux associations au profit desquelles sera vendue la Pièce de Charité. Photo © François Collombet

Beaune, jours de fête, jour de vente

Trois jours de fêtes pour célébrer la 162e vente des vins des Hospices de Beaune. Ajoutez-y l’inauguration des illuminations de noël, le marché, le semi-marathon avec ses 5000 participants, plus la découverte de l’événement par les nombreux élèves des écoles hôtelières de la ville et d’ailleurs. Donc, des milliers de visiteurs verre en mains déambulant entre les stands, les restaurants (souvent improvisés) et les buvettes de fortune. Des fanfares, de la musique brésilienne, des effluves de grillades, de la bonne humeur, plutôt une bonne tenue et quelques franches bousculades. Etaient ouvertes, les portes des grandes maisons des vins de Bourgogne avec souvent des dégustations gratuites. Point de rencontre, le cœur névralgique de la cité des Climats & Vins de Bourgogne, l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune. Le jouxtant, l’immenses halle qui voit chaque année en novembre se dérouler la Vente des Vins des Hospices de Beaune.

A l’entrée de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune, à quelques heures de la vente. Photo © François Collombet

l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune, une extraordinaire entreprise de charité

Accueilli par le Duc de Bourgogne

Serait-on accueilli par le premier donateur et fondateur des Hospices de Beaune, Philippe le Bon duc de Bourgogne ? Il est né à Dijon en 1396, et mort à Bruges en 1467. Les Hospices de Beaune fêteront, le vendredi 4 août 2023, le 580e anniversaire de leur charte de fondation datant de 1443. Photo © François Collombet

A l’initiative de Philippe le Bon, Duc de Bourgogne : cette extraordinaire entreprise de charité commence en 1443. Cette année-là, dans un contexte de misère et de famine, Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne Philippe le Bon, et son épouse Guigone de Salins fondent l’Hôtel-Dieu de Beaune pour venir en aide aux pauvres malades. Depuis sa création, cet hôpital est financé par des donations en espèces, en terres, en immeubles et, tout naturellement en vignes. En 1457 Guillemette Leverrier fait le premier don aux Hospices pour dix ouvrées de vignes finage de Beaune lieudit en Beaumont-le-Franc. En 1459, Jean Plampays et son épouse font également don d’une parcelle de vignoble à Beaune. Ils seront suivis de bien d’autres au fil des siècles jusqu’à nos jours.

Les toits de tuiles vernissées aux couleurs chatoyantes de l’hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune sont l’emblème de la Bourgogne et de son architecture gothique, témoin de l’âge d’or des Ducs de Bourgogne au XIVe siècle. Photo © François Collombet

De forme rectangulaire, la cour intérieure de l’Hôtel-Dieu comporte un puits à eau en ferronnerie gothique. Elle donne vue sur les différents bâtiments aux toits en tuiles vernissées de Bourgogne. Photo © François Collombet
En parcourant les salles de l’Hôtel-Dieu, on découvre les lits des malades, leur vaisselle d’étain, des instruments de soins, des tableaux et des sculptures, des meubles dont des coffres à vêtements, de somptueux dessus de lit en tapisserie de haute lisse aux armes de Guigone de Salins, des livres d’heures, des documents d’archives illustrant l’engagement de tous les donateurs de l’Hôtel-Dieu… Photo © François Collombet
En construisant et aménagement l’Hôtel-Dieu, en le dotant d’une rente annuelle et perpétuelle de mille livres, en instituant une distribution quotidienne de pain pour les indigents, en nommant deux prêtres pour la célébration du service divin, en créant une communauté de femmes pour gouverner et servir les pauvres, les fondateurs ont exercé les œuvres de miséricorde. Photo © François Collombet

Dans l’effervescence de l’Hôtel-Dieu des Hospices de Beaune

Une classe du lycée hôtelier Savoie-Léman est venue donner un coup de main à cet événement mondial. Les élèves entre 2 services, posent devant la salle Saint-Hugues de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune. Photo © François Collombet

Vins des Hospices de Beaune : Pommard, première dégustation du millésime 2022 des 3 cuvées mises en vente aux enchères : Pommard Raymond Cyrot, Pommard 1er cru Dame de Charité et Pommard 1er cru Les Epenots Dom Goblet Photo © François Collombet
Resterait-on sans voix devant une telle dégustation (un Meursault 1er Cru 2018, Les Charmes Albert Grivault) précédant la vente des vins des Hospices de Beaune ? Photo © François Collombet

Le passage éphémère de ces sœurs hospitalières (de vraies infirmières) venues nous rappeler le souvenir de ces femmes qui ont fait le choix d’une vie différente : une vie dédiée aux malades au sein d’un palais pour les pôvres selon les vœux des fondateurs. Photo © François Collombet

Grande salle de l’Hôtel-Dieu, un a parte entre une sœur et François Poher, directeur et président du directoire des Hospices Civils de Beaune. Aimerait-il la recruter ? Photo © François Collombet

Beaune, à l’heure des ventes, où s’arrêter, ou se restaurer ?

Basilique Notre-Dame de Beaune, ensemble canonial datant de la deuxième moitié du XII siècle. Cette basilique collégiale fait partie des dernières grandes églises romanes de Bourgogne. A droite, vers la collégiale, la Maison Joseph Drouhin et ses célèbres Caves de la Collégiale (XIIIe), les plus belles avec ses voûtes gothiques, construites par les chanoines de Beaune. Ici sont élevés certains vins parmi les plus prestigieux de la Maison. Le Domaine Joseph Drouhin s’est constitué au fil des décennies, et comporte aujourd’hui 80 ha en Côte de Nuits, Côte de Beaune, Côte Chalonnaise et Chablis. C’est l’un des plus importants de Bourgogne, pour plus des deux tiers en Premiers Crus et Grands Crus. Photo © François Collombet
Déjeuner improvisé chez Corinne Pistre-Dewailly (Domaine Loubet-Dewwailly, impasse Notre-Dame à Beaune, mitoyen de la Maison Joseph Drouhin ), dans son immense salle soutenue par une impressionnante poutre maitresse de 17 m de long. Photo © François Collombet

A la bonne franquette, rue d’Alsace

Epicerie paysanne oui mais…
… qui se transforme en restaurant improvisé lors de la vente des vins des Hospices de Beaune, chaque année en novembre. Photo © François Collombet

Profitez des grandes maisons pour des dégustations prestigieuses*

*Au moment de la vente des vins des Hospices de Beaune.

Entrez chez Bouchard Père & Fils pour peut-être (!) “communier” à la Vigne de l’Enfant Jésus

Voici l’un des plus emblématiques domaines (et maisons de négoce) de Beaune, la Maison Bouchard Père & Fils fondée en 1731. Elle est constituée d’un patrimoine unique et exceptionnel de 130 ha sur les terroirs les plus prestigieux de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune dont plus des deux tiers en appellations Grands Crus et Premiers Crus. Le siège (voir photo), les bureaux et les chais sont implantés depuis 1820 à Beaune dans les fortifications et bastions des restes de l’ancien château de Beaune. Les vins bénéficient de conditions de vieillissement optimales dans les galeries souterraines de cette ancienne forteresse royale du XVe siècle (construite par Louis XI en 1482). En septembre 2022, le groupe Artémis, propriété du milliardaire François Pinault devenait actionnaire majoritaire du groupe Henriot (famille champenoise) * qui détenait la maison Bouchard père et fils depuis 1995.

*Au décès de Joseph Henriot en 2015, c’est son neveu Gilles de Larouzière qui prit alors la présidence du conseil d’administration de « La Vigie », holding familiale.

Quelle conclusion ! De l’Hôtel-Dieu à la Vigne de l’Enfant Jésus, il y a décidemment du sacré à Beaune

Non, la main de Clément Lefol de Bouchard Père & Fils ne tremble pas en nous servant sans doute la cuvée la plus emblématique de la Maison, fruit de la Vigne de l’Enfant Jésus (millésime 2018). Photo © François Collombet

Vigne de l’Enfant Jésus Beaune Grèves 1er Cru

La Vigne de l’Enfant Jésus provient d’une parcelle de Beaune Grèves 1er Cru de 3,92 ha, monopole de la Maison Bouchard Père et Fils, au cœur des 32 ha de l’appellation. À la Révolution en 1791, la vigne avait été confisquée puis vendue comme bien national à la Maison Bouchard Père et Fils.

A l’origine, la naissance (1638) du futur Roi soleil (Louis XIV)

L’histoire de cette enclave au coeur des Grèves a pour origine la naissance de Louis XIV. Elle prit le nom de Vigne de l’Enfant Jésus en hommage à la prédiction de la carmélite Marguerite du Saint-Sacrement. Elle aurait annoncé la naissance du Roi de France alors que sa mère, Anne d’Autriche, était stérile. En reconnaissance, la reine fit don au carmel de Beaune d’une statuette de l’Enfant Jésus et de cette parcelle de vigne dont s’occupe aujourd’hui 4 vignerons très expérimentés. A chaque dégustation de ce vin que les Américains nomment Baby Jesus ou que les Japonais prononcent Enfant résus, se forment des queues aussi recueillies que celles qui pourraient se diriger vers la communion. Y tremper les lèvres, c’est découvrir ce bouquet aux parfums de fruits et d’épices doublés d’une note de fût. Intense, plein et délicat au palais, ce vin est d’un velours enchanteur (100 € environ).

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