Quand l’Armada fait de Rouen, la capitale mondiale des grands voiliers. Epoustouflant !

Mes deux jours à bord de l’Armada de Rouen

A quai, le Cuauhtémoc, trois-mâts barque, voilier école de la marine mexicaine semble comme amarré au pied de la cathédrale de Rouen. Photo © François Collombet
Avant d’atteindre Rouen, le Cuauhtémoc avec ses cadets se tenant debout dans les gréements vient de franchir le pont à haubans de Normandie enjambant l’estuaire de la Seine, haut de 214 m et long de 2,1 km. (DR)

A Rouen, cette Armada de tous les records

Quelle image symbolique ! La cohabitation de ce grand voilier-école mexicain, le mythique Cuauhtémoc, devenu le chouchou des visiteurs ; un trois-mâts barque de 90 m de long propulsé par 28 voiles, au nom du dernier empereur aztèque. Ne croirait-on pas qu’il est amarré au pied de cette immense cathédrale de Rouen, chef d’œuvre absolu de l’art gothique. Regardez sa silhouette admirable de légèreté dont la flèche démesurée de 151 m de haut se pose comme le mât d’un immense voilier de pierre au-dessus de la ville et de son port.

Du haut du pont Guillaume le Conquérant, 45 grands voiliers vous contemplent. A l’autre extrémité, le spectaculaire pont levant Gustave Flaubert. Il se trouve en aval du pont Guillaume-le-Conquérant, qui marque la limite de la partie du fleuve accessible aux navires de mer. Photo © François Collombet

A côté du Cuauhtémoc, un tour du monde des plus grands voiliers

Dans le port de Rouen, entre le pont Guillaume le conquérant et le pont Flaubert (un pont levant pour laisser passer les vaisseaux de l’Armada), 7 km de quais pour découvrir le monde très clos de ces grands voiliers. Mais pendant les 10 jours de l’Armada, accès libre à tous les voiliers. Seule condition, des heures de queues sous un soleil de plomb. Au compteur de la popularité (et loin devant), le préféré des visiteurs est sans conteste, le grandiose trois-mâts mexicain Cuauhtémoc. Son port d’attache, Acapulco. Sa vitesse peut atteindre 18 nœuds. Du canal de Panama, il mit 18 jours pour rejoindre l’estuaire de la Seine.

Impossible de ne pas le reconnaître avec ses voiles célestes et colorées, c’est le trois-mâts goélette Capitan Miranda dont le port d’attache est Montevideo en Uruguay. Photo © François Collombet
Ayez une pensée pour le Nao Victoria, caraque de 26 m. C’est la réplique à taille réelle du Nao Victoria qui fit le premier tour du monde entre 1519 et 1522, le plus grand exploit maritime de l’histoire. Cette réplique a été construite entre 1992 et 2006. Elle a réalisé son propre tour du monde. Photo © François Collombet
Voici sans doute le bateau le plus atypique de cette Armada, ni voilier, ni navire militaire. C’est un ancien vapeur transformé en diesel et construit en 1910 pour la marine royale néerlandaise. Le plaisir le soir c’est de s’y attarder pour prendre un dernier verre. Photo © François Collombet
C’est le grand événement de cette Armada, l’arrivée décalée du Bima Suci indonésien avec ses cadets vertigineusement perchés sur les gréements et vergues de cet immense trois-mâts barque de 111 m de long. Sa construction date de 2016. C’est sa première apparition à Rouen. Son port d’attache est Surabaya Photo © François Collombet.
Dans la foule, ces marins bretons biniou en main (cornemuse bretonne) remontent le quai vers le pont Guillaume le Conquérant. Photo © François Collombet.

Sur le Cuauhtémoc, chaque visiteur est accueilli par un cadet

Chaque visiteur est accueilli à bord par les cadets. Ici, sur le Cuauhtémoc. Photo © François Collombet

Une foule à l’abordages de ce mythique trois-mâts mexicain

Une petite fille pas peu fière de poser avec un cadet du Cuauhtémoc. Photo © François Collombet

Honneur au plus emblématique trois-mâts barque de l’Armada, le Cuauhtémoc. Il a le nom du dernier empereur aztèque

Pas de doute, le Cuauhtémoc, ce trois-mâts barque mexicain est la “vedette” incontestée depuis sa première apparition à l’Armada. Il faut attendre, attendre, attendre pour y monter mais quel spectacle ! Et quand ce grand voilier école quitte Rouen, ses cadets dans les mâts, qui n’a pas la gorge serrée ? Photo © François Collombet
Le Cuauhtémoc, l’Empereur mexicain des mers

D’ailleurs on le considère comme “l’empereur mexicain des mers”. Son image fait tous les 4 ans, le tour du monde au dernier jour de l’Armada : le Cuauhtémoc, franchissant le pont Flaubert, avec ses cadets acrobatiquement perchés (avec des baudriers de sécurité) sur les haubans et les vergues de ce prestigieux voilier-école. Un hasta luego émouvant en voyant quitter cet élégant trois-mâts barque de 90 m de long et aux 2200 m² de voilures. Il regroupe à son bord, 268 marins (dont 24 femmes). La plupart sont des cadets (ils sont 112). Le Cuauhtémoc est parti du Mexique, depuis son port d’attache d’Acapulco (sur la côte pacifique) pour une campagne de 247 jours. C’est un grand habitué de l’Armada de Rouen. Jamais, depuis 1989, il n’a manqué ce rendez-vous. Sa mission, porter haut et fort l’image du Mexique et former la future élite de la marine nationale mexicaine et cela, huit mois par ans en parcourant les mers et les océans. Rouen n’est qu’une étape. Demain il sera à Londres puis en Espagne, au Portugal, en Turquie* avant d’accomplir un grand tour de l’Amérique du Sud. Le Cuauhtémoc est sorti des chantiers de Bilbao en Espagne en 1982. Entièrement fait de bois, il dispose d’une équipe de huit menuisiers à bord qui veille à son entretien. A l’origine placée par les charpentiers du Cuauhtémoc, une Vierge aurait été incrustée dans la structure en bois du voilier mais jusqu’à ce jour, jamais découverte !

*Pour participer aux célébrations du centenaire de la fondation de la République de Turquie.

Le capitaine José Diaz Castillo “le pacha” du Cuauhtémoc

Voici son capitaine José Diaz Castillo, brillant marin, responsable d’un équipage de 268 marins dont 24 femmes et 112 cadets, posant dans le salon de l’Amirauté du Cuauhtémoc. Pied de nez à l’histoire du Cuauhtémoc, le nom de son capitaine est quasi l’homonyme d’un certain Bernard Díaz del Castillo, un conquistador qui participa à la conquête de l’Empire aztèque sous Hernan Cortés et écrivit à la fin de sa vie un récit des événements dont la mort du dernier empereur aztèque, Cuauhtémoc (1496-1525). Photo © François Collombet

Cuauhtémoc, cet “aigle qui tombe sur sa proie”

Le pacha à bord est un marin exceptionnel, le capitaine José Diaz Castillo. Quelle coïncidence ! Il a pour presque homonyme Bernal Díaz del Castillo (vers 1492 et mort le 3 février 1584), un conquistador qui participa en tant que soldat à la conquête de l’Empire aztèque sous Hernan Cortés. Il écrivit à la fin de sa vie un récit des événements dont la mort du dernier empereur aztèque, Cuauhtémoc (1496-1525), un nom qui signifie “aigle qui tombe sur sa proie”. Cuauhtémoc fut capturé par Hernan Cortés et martyrisé pour avouer où était l’or et le fabuleux trésor des aztèques. Le 28 février 1525, Cortés ordonnait qu’il soit pendu. “Et c’est cette mort qu’il lui a donnée très injustement, et cela semblait mauvais à tout le monde” devait écrire le chroniqueur Díaz del Castillo. Pour les mexicains, Cuauhtémoc “cet aigle qui tombe sur sa proie” est symbole de liberté et d’indépendance. Sa statue ne trône-t-elle pas sur la Reforma à Mexico (à l’intersection de l’Avenida de los Insurgentes et Paseo de la Reforma). Sur le voilier, vous distinguerez sa représentation un peu partout et notamment à la proue du bâtiment.

A la poupe du Cuauhtémoc, le drapeau mexicain. Ce voilier-école forme 112 cadets à l’art de la navigation mais aussi à l’art de la guerre sur mer. Ils sont formés également pour être des leaders aime à préciser le capitaine. Photo © François Collombet
Quand les normands s’emparent du trésor de l’Empereur Cuauhtémoc, le trésor des Aztèques

Il s’appelle Jean Fleury (dit Florin). Il est normand. C’est un grand navigateur et un grand expert de la baie de Seine. C’est aussi un corsaire pour le comte de Dieppe et pour le roi. Il est né à la fin du XVe siècle non loin de Rouen dans une boucle de la Seine, à Vatteville-la-Rue, alors important port maritime (pêche vers Terre Neuve et commerce des épices avec l’Afrique). En 1522, à la recherche d’une prise, il écume l’Atlantique Est (entre les Canaries et les Açores), à bord de sa “Salamandre” (l’emblème que s’était choisi le roi de France, François 1er), accompagné d’une redoutable petite flottille de galions et de nefs aux pavillons frappés de la croix blanche des marchands de la cité normande.

En 1522, Le normand prend à l’abordage, les trois caravelles d’Hernan Cortés

Le pirate tombe alors avec sa flotte (pas par hasard) sur les 3 caravelles du conquistador Cortés (1485-1547) parties de Vera Cruz (Mexique) et voguant vers le port de Cadix (Espagne). La prise pour Fleury est fabuleuse. C’est tout simplement le trésor de Cuauhtémoc dernier empereur aztèque. Ce qu’il découvre dans les cales des navires est inimaginable : trois coffres de lingots d’or, 500 livres de poussière d’or, 680 livres de perles, des coffres de lingots d’argent et plusieurs caisses d’émeraudes, dont une énorme pierre de la taille de la paume d’une main. En bonus, il récupère une fabuleuse collection d’art et d’objets religieux pillés aux aztèques par les Conquistadores ; tout ce qui devait alimenter les caisses du très puissant Charles Quint, empereur germanique alors ennemi du roi de France. On peut imaginer le retour du normand. Alors que les 3 navires de Jean Fleury chargés à raz-bord s’engagent dans les eaux froides de la Manche (on est en décembre), en longeant la presqu’île du Cotentin, l’une des caravelles heurte un banc rocheux et coule, entrainant la perte d’un trésor inestimable. Malgré cela, à leur arrivée, l’accueil est à la hauteur de leur exploit. Afin de remercier Dieu, Jean Fleury offrira aux deux églises de Villequier et de Vatteville de magnifiques vitraux comme ex-voto (dont l’un à Villequier est encore visible). Mais cette bonne fortune a une fin tragique. Alors qu’ils naviguent en 1527 au large du Cap Saint-Vincent (au Portugal, la pointe la plus au sud-ouest de l’Europe, dans la région de l’Algarve), Jean Fleury et ses hommes sont capturés sur ordre de Charles Quint. Malgré l’offre d’une rançon de 30 000 ducats, le normand est exécuté le 13 octobre de cette année-là près de Tolède et ses marins condamnés aux galères.

Afin de remercier Dieu de sa bonne fortune, Jean Fleury offrit aux deux églises de Villequier et de Vatteville de magnifiques vitraux comme ex-voto (dont l’un à Villequier est encore visible). Photo DR

Sur le Cuauhtémoc, mon guide, le cadet Raul Borroel

Rien n’a été simple. Il a fallu l’autorisation de l’ambassade du Mexique. Contacter l’officier de liaison qui m’a introduit auprès de l’équipage et du cadet Raul Borroel. Donc je l’ai suivi, il m’a ouvert les portes jusqu’au salon de l’amirauté où m’attendais, le capitaine José Diaz Castillo pour un entretien.

Le cadet Raul Borroel, parfaitement anglophone m’a ouvert presque toutes les portes sur ce grand voilier impeccablement tenu. Photos © François Collombet
Impressionnant poste de pilotage pour ce grand voilier de 90 m de long, de 1800 tonnes qui avec ses 28 voiles de plus de 2000 m2 peut atteindre 18 nœuds avec son moteur à propulsion à hélice. Photo © François Collombet
Voici l’une des cuisines du Cuauhtémoc mais il possède aussi un bloc opératoire tout équipé et adapté aux conditions de la mer, plus un dentiste et un médecin-chirurgien. Photo © François Collombet

Sur le Cuauhtémoc, vers le salon de l’amirauté

Couloir menant au salon de l’amirauté, tout en acajou et bois exotique. Photo © François Collombet
Le quartier-maître est là pour assurer une discipline toute militaire. Photo © François Collombet
Bureau qu’occupe sur le Cuauhtémoc, le capitaine José Diaz Castillo. Photo © François Collombet
L’impressionnant salon de l’Amirauté sur le Cuauhtémoc, là où se prennent les décisions majeures pour la bonne gouverne du voilier. Photo © François Collombet
A bord du Cuauhtémoc, José Diaz Castillo, son capitaine dans le salon de l’amirauté. Photo © François Collombet

Deux jours et une nuit à bord de l’Armada

La messe des marins sur le pont de l’Atlantis 

Face à cette cathédrale, dont la façade fut l’obsession du peintre Claude Monet alors qu’il devenait aveugle, se range comme à la parade, sur 7 km de quais (rive droite, rive gauche), 45 grands voiliers et bâtiments militaires, venus du monde entier. Quelle plus extraordinaire vitrine pour contempler ce qui se fait de mieux dans l’architecture navale des grands voiliers ! Pendant 10 jours, plus de 4 millions de visiteurs n’auront d’yeux que pour cette armada, port d’attache éphémère de 7000 marins de 30 nationalités différentes. Toute la ville et sa région se sont mobilisées pour les accueillir. Rouen est en fête, elle est descendue jusqu’à son port pour dix jours d’extravagances (des défilés de folie, des feux d’artifices, des concerts géants, des parades de marins, des rencontres gastronomiques avec les grands chefs rouennais sans compter ces trois-mâts transformés en boites de nuit ou l’Hydrograaf néerlandais, unique bateau à vapeur de l’Armada réputé pour ses deux bars à bord). L’archevêque de Rouen n’a-t-il pas déserté sa cathédrale pour venir célébrer le dimanche, la messe des marins sur le pont de l’Atlantis, un trois-mâts goélette plus que centenaire, venu d’Amsterdam et qui pour l’événement a accosté rive gauche.

A l’origine l’Atlantis lancé en 1905 était un caboteur sans mât guidant les navires dans l’estuaire de l’Elbe (Allemagne). Tout change en 1984 avec l’installation de ses trois mâts, devenant ainsi voilier de croisière. C’est sa cinquième participation à l’Armada. Photo © François Collombet

Pause déjeuner devant le Dar Mlodziezy, le trois-mâts polonais, cambuse des grands chefs normands

C’est une véritable démonstration du savoir-faire des chefs de la gastronomie normande par trois chefs rouennais. Ils ont apporté des échantillons de leurs différentes spécialités pour les faire découvrir aux gourmands (dégustation gratuite).

Belle discipline de ces visiteurs normands face à cette démonstration du savoir-faire des chefs de la gastronomie normande. Photo © François Collombet

Quoi de plus tentant ! C’est une invite au savoir-faire de chefs rouennais. A droite, on reconnaît une partie de l’équipage de l’Atlantis et son capitaine, Jos van Leerzem. Photos © François Collombet

Le commandant Aymeric Gibet et son second du mythique trois-mâts Belem, celui qui en 2024 transportera à bord, la flamme olympique. En attendant, pour eux, c’est une pause gastronomique. Photo © François Collombet
Dieu qu’ils ont raison de se faire photographier devant le Belem. A lui seul, il incarne l’Armada. C’est le dernier trois-mâts barque français en état de navigation (construit en 1896). Mais quelle forme olympique même s’il est classé au titre de monument historique ! Il sert aujourd’hui à la formation de jeunes marins. Il a été choisi par le comité d’organisation des jeux olympiques de Paris pour aller chercher la flamme olympique de Grèce. Photo © François Collombet

Les organisateurs escomptent lors de ces 10 jours d’Armada, entre 4 et 6 millions de visiteurs. Photo © François Collombet

Quand la nuit tombe sur l’Armada

C’est l’heure des cocktail, dîners à bord et derniers verres en attendant le feu d’artifice.

Sur le Pascual Florès, goélette espagnole, Jean-Paul Rivière président de cette Armada, peut se réjouir : total succès ! Les voiliers sont tous là, la foule est innombrable et un soleil d’été brille tout son soûl. Alors, levons nos verres ! Photo © François Collombet
On est sur le Pascual Florès, goélette de 43 m, emblème de la ville espagnole de Torrevieja. Première participation à l’Armada. Entre ce matelot du Pascual Florès et cette journaliste australienne, capitaine de corvette de réserve, une certaine complicité ! Derrière se profile la proue du Statsraad Lehmkuhl, trois-mâts barque norvégien construit en 1914, avec pour port d’attache, Bergen. Photo © François Collombet
La nuit tombe sur le Belem. Sait on suffisamment qu’il fut déniché, en train de moisir à fond de cale dans un bassin de Venise. Un passionné des mers réussit son pari à le remettre à flots. Aujourd’hui, après s’être refait une beauté dans les chantiers de Saint-Nazaire, il s’exhibe à l’Armada. Photo © François Collombet

Une nuit à bord de l’Atlantis, ce centenaire qui a eu plusieurs vies

Le capitaine de l’Atlantis est le très jovial Jos van Leerzem. L’Atlantis, 55 m de long fait partie de la Tallship Company des Pays-Bas. Il peut emmener 36 personnes dans 18 cabines tout confort. Sur son pont supérieur, un salon pour 80 invités. Photo © François Collombet

Au petit matin sur l’Atlantis, un café avant l’effervescence de l’Armada. Photo © François Collombet
Amarré près de l’Atlantis, l’incroyable prestance du Dar Mlodziezy, ce trois-mâts carré polonais émergeant d’une légère brume montant de la Seine. Photo © François Collombet

Le spectacle de voir ces grands voiliers amarrés le long des 7 km de quais.

Le Canopée, oui, c’est bien un voilier. Il transporte des fusées vers l’espace

Canopée le plus futuriste des voiliers (mis à l’eau fin 2022). Il a été conçu pour le transport d’éléments de la fusée Ariane 6 des ports européens vers Kourou, en Guyane. Ce cargo de 121 mètres de long est propulsé par quatre ailes de 363 m² gréées sur des mâts de 36 mètres de hauteur. La queue pour y accéder ce matin-là est sans fin ! Photo © François Collombet
Le Belem a-t-on dit est un musée qui navigue. Il est le dernier trois-mâts barque français en état de navigation, classé au titre des monuments historiques en 1984 alors qu’il était âgé de 88 ans. Il ira chercher en 2024, la flamme olympique en Grèce. Photo © François Collombet
L’Atyla est une goélette à voiles supérieures de 31 m et dont le port d’attache est Bilbao (Espagne). Lancée en 1984, elle sert depuis 2014 de navire-école sur les côtes européennes. Photo © François Collombet

Plus vu à l’Armada depuis 2008, ce trois-mâts goélette uruguayen venu de Montevideo est l’une des grandes attractions de cette Armada.

Reçu à bord du Capitan Miranda par son capitaine, Luis Cardozo

Une Armada de Rouen sans voiliers Sud-Américains ne serait pas une Armada. Retour à Rouen du Capitan Miranda plus vu à Rouen depuis 2008, le voilier uruguayen, reconnaissable à sa voile “céleste”. Le Capitan Miranda est le navire-école de la Marine nationale de l’Uruguay depuis 1978. Construite en 1930 à Cadix (Espagne), cette goélette à trois-mâts a d’abord servi de cargo entre l’Europe et l’Amérique du Sud. En 1960, la marine uruguayenne rachète le voilier pour en faire un navire de recherche océanographique. II est rebaptisé du nom de Capitan Miranda, officier de la Marine uruguayenne. À cette époque, le voilier n’a que deux mâts. Dans les années 70, destiné à la démolition, il est réhabilité. Les deux mâts sont remplacés par trois mâts en duralium*, et de nouvelles voiles en dacron forment le gréement. Depuis maintenant 45 ans, le Capitan Miranda s’occupe de la formation de jeunes officiers de la Marine uruguayenne.

*Alliage à base d’aluminium (95 %), de cuivre (4 %), de magnésium (0,5 %) et de manganèse (0,5 %).

Barre de pilotage du Capitan Miranda. Depuis 45 ans, il forme de jeunes officiers de la marine uruguayenne. Photo © François Collombet
Ce trois-mâts goélette uruguayen lancé en 1905 mesure 61 m de longueur pour 8,40 m de maître-bau (sa plus grande largeur). Il a une voilure de 722 m2. Photo © François Collombet
Le Capitan de Fragata Luis Cardozo nous reçoit à bord avec son second. Photo © François Collombet

A bord du Capitan Miranda, quel plus beau rapprochement que le vin et le tannat, cette variété du sud-ouest de la France, roi du Madiran, devenue depuis le XIXe siècle cépage national en Uruguay. Avec un peu plus de temps, nous aurions ouvert cette bouteille de la Familia Deicas (Atlantico Sur), propriété située à 5 km de Canelones, bien évidemment à la santé de nos deux pays. Une bouteille dédicacée par le capitaine Cardozo doit être remise à l’Amiral Verdier, chef d’état-major de la Marine. Photos © François Collombet

Sur ce grand voilier polonais, le Dar Mtodziezy, l’Ukraine est omniprésente !

La Pologne sur son majestueux voilier-école accueille l’Ukraine. Pas de politique mais une partie des cadets à bord du navire sont d’origine ukrainienne. De plus, les autorités ont laissé venir à bord 200 exilés d’Ukraine vivant à Rouen et dans sa région pour un spectacle de chants, des danse. Dramatique nostalgie d’un pays en guerre !

Le Dar Mlodziezy, ce grand trois-mâts carré polonais a pour nom “Don de la jeunesse”. Il a été construit en 1981dans les célèbres chantiers navals de Gdansk. Avec 108 m de long, il fait partie des plus grands voiliers-écoles du monde. Sa popularité est sans égal. Photo © François Collombet
Ce trois-mâts de près de 3000 tonnes, à l’immense voilure de 3105 m2 a pour particularité d’avoir une poupe carrée. Son armateur est Gdynia Maritime Université. Photo © François Collombet
Sur le Dar Mlodziezy, 130 cadets sont à bord dont une partie du temps est consacrée aux opérations de nettoyage et d’astiquage comme ce matin. Photo © François Collombet
Un cadet sur le Dar Mlodziezy, accueille les visiteurs. Photo © François Collombet

Le Bima Suci indonésien est le dernier grand voilier à rejoindre l’Armada. Quel spectacle !

Alors que le marché de l’armement semble se développer entre la France et l’Indonésie (sous-marins Scorpène, avions Rafale, etc. ), le Bima Suci se devait pour la première fois d’apparaître à Rouen lors de cette Armada. Impressionnant ce Bima Suci ! C’est tout simplement le plus grand navire d’entraînement à la voile construit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et sans doute parmi les plus grands voiliers en activité dans le monde. Il a été construit par un chantier naval espagnol (Construcciones Navales Paulino Freire) à Vigo et livré à la marine indonésienne en 2017. Il est doté des techniques de navigation les plus avancées. Il a à bord, les moyens de dessalement de l’eau de mer

Evénement marquant de cette Armada, l’arrivée très impressionnante et tardive du Bima Suci, ce trois-mâts barque indonésien. Il est tiré par un puissant remorqueur jusqu’à son emplacement d’accostage sous les hourras des visiteurs. Photo © François Collombet
Manœuvre d’accostage délicate du Bima Suci pour venir s’amarrer à quai. Il faut dire qu’il fait 111 m de long. Photo © François Collombet
Le Bima Suci, surnommé le “géant des mers” possèdent 26 voiles couvrant 3361 m2. Photo © François Collombet
Spectacle toujours aussi prisé par les visiteurs quand les cadets se tiennent comme à la parade debout dans les gréements et vergues jusqu’à plus de 60 m de hauteur. Photo © François Collombet
Parmi les 119 cadets du Bima Suci, combien sont-ils à affronter le vertige de cette très impressionnante posture ? Photo © François Collombet

Dernière image de cette Armada, prochain grand rendez-vous dans quatre ans (en 2027)

Sur le mât de beaupré du Bima Suci, ce personnage venu des légendes indonésiennes. Telle une figure de proue, il salue l’Armada pour la première participation de ce géant des mers. Photo © François Collombet
En 1066, une autre Armada, partait de Normandie pour envahir l’Angleterre.

Quand Guillaume duc de Normandie rassemblait une immense flotte pour envahir l’Angleterre

Non, ce n’est pas l’invincible grande armada espagnole défaite le 8 août 1588, mais une autre grande armada bien normande partie non loin de Rouen, de l’estuaire de la Dives, le 28 septembre 1066. Faut-il rappeler qu’au XIe siècle, Rouen s’était enrichi par le commerce de son grand port et son marché aux esclaves, irlandais ou flamands pour la plupart. La cathédrale était alors bien trop petite. C’était d’autant plus nécessaire que la cité était le siège d’un archevêché dont dépendaient les autres évêques de Normandie. Le duc Guillaume le Bâtard se chargea du financement. La consécration du nouvel édifice eu lieu en 1063, trois ans avant que le duc ne devienne à jamais Guillaume le Conquérant en conquérant l’Angleterre. Enorme entreprise de logistique pour le duc. Il fit appel à ses vassaux et ses alliés bretons, francs et flamands afin de soutenir la conquête. Il obtint même la bénédiction du Pape pour revendiquer le trône d’Angleterre. Les vastes forêts de chênes à proximité des lieux d’embarquement, permirent de construire une flotte impressionnante composée d’un millier de navires, capables de transporter une armée estimée à 8000 hommes et 5000 chevaux de l’autre côté de la mer. Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, devenu roi d’Angleterre est mort ici même à Rouen en 1087. L’un des deux ponts qui surplombe aujourd’hui l’Armada fut construit en son honneur. 

La tapisserie de Bayeux, une œuvre du XIe siècle unique au monde 
Sur près de 70 mètres de long, c’est le récit brodé de la conquête de l’Angleterre en l’an 1066 par Guillaume, duc de Normandie. Ici, la traversée de la Manche (Photo DR)
Le Cuauhtémoc amarré presque au pied de la cathédrale de Rouen. Photo © François Collombet

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